Égalité

Une bien belle notion en effet, dont on pourrait penser qu’elle constitue l’idéal de notre société, puisqu’elle figure au fronton de nos édifices publics. Force est pourtant de constater qu’au fur et à mesure que les économies mondiales progressent en volume global, ce sont les inégalités de revenu qui s’accroissent et non l’inverse. C’est l’objet d’un rapport annuel sur les inégalités, réalisé en France, et d’une étude portant sur la période de 1980 à nos jours en Europe. Le constat global est celui d’une augmentation des inégalités, que ce soit avant ou après impôt.

1 % des Européens les plus riches reçoit autant que les 50 % les plus pauvres, et leurs revenus ont augmenté deux fois plus vite que la moyenne. Cependant, les revenus des moins favorisés ont progressé tandis qu’aux États-Unis ils stagnaient pendant la même période, preuve de l’influence réelle d’une politique volontariste, puisque chacun sait que la protection sociale est plus développée en Europe qu’aux USA. D’ailleurs, l’évolution n’est pas la même dans tous les pays européens. Par exemple, la Belgique serait plutôt bonne élève avec un taux très faible d’augmentation des inégalités, tandis que le Luxembourg accroit son image de paradis fiscal et détient par ailleurs le record de revenu moyen par habitant avec 60 000 euros quand un Roumain touche moins de 20 000 euros annuels en moyenne. En cause dans la croissance globale des inégalités, la politique sociale et fiscale des états membres, qui, au lieu de s’harmoniser progressivement, a tendance à se niveler par le bas, du fait d’une concurrence stérile entre pays aboutissant à des pratiques de dumping.

Les libéraux de tout poil ne cessent de nous vanter les mérites des baisses d’impôt en oubliant le côté redistributif de ces contributions. En pratique, ce sont les impôts frappant les plus riches qui baissent, alors que la TVA, elle, a augmenté de 3 % en moyenne depuis 1980. En contrepartie de cette diminution de ressources, il faudrait naturellement sacrifier des pans entiers de nos services publics, pour les brader aux intérêts privés dont on peut deviner que l’égalité entre citoyens est le cadet de leurs soucis. Il suffit d’observer ce qu’ils font de l’obligation légale de payer les hommes et les femmes de la même façon. L’étude montre que lorsqu’un homme perçoit un euro, la femme qui occuperait le même poste devrait se contenter de 88 centimes. À condition de ne pas être reléguée dans un mi-temps subi et de faire valoir ses compétences. Au moment où la campagne électorale pour les européennes commence, cet enjeu de lutte contre les inégalités devrait logiquement être au premier plan de nos préoccupations, car beaucoup en dépend.