Fonds de tiroirs

Comme le prestidigitateur sort le lapin de son chapeau, Emmanuel Macron a bouclé son mini-remaniement en raclant les fonds de ses tiroirs. Il en a extirpé trois noms, largement méconnus du grand public, dont le principal, et peut-être unique mérite, est de prêter totale allégeance à sa personne. Leur caractéristique commune est d’être des macronistes de la première heure qui font partie de la garde rapprochée du président. Par les temps troublés que connait le pouvoir, il faut visiblement serrer les rangs, en faisant appel aux fidèles parmi les fidèles.

Quand on observe le parcours des nouveaux secrétaires d’État, on s’aperçoit que deux d’entre eux faisaient partie des mercenaires qui avaient tout d’abord misé sur le cheval DSK, foudroyé en plein vol comme un lapin aurait dit le regrettable Thierry Roland, alors qu’il avait un avenir prometteur tout tracé. Surmontant leur déception, les survivants de la bande de la rue de la Planche se sont trouvé un nouveau champion. Plusieurs d’entre eux sont ou ont été ministres, un autre dirige actuellement le parti présidentiel. Ils ont connu un parcours de maréchaux d’empire, promus aux plus hautes responsabilités à un âge où beaucoup n’ont pas encore fini de faire leurs classes. Comme les Murat, Lannes, Ney ou Davout, ils ne manquent ni d’assurance ni de culot. Auront-ils toujours la chance et la réussite de leurs aînés ? Cela reste à démontrer. Il est vrai que l’audace d’un Bonaparte au petit-pied lui a permis de conquérir le pouvoir presque par effraction, grâce à un concours de circonstances inespéré, dont François Fillon a été l’artisan involontaire.

Il rêve à présent de recommencer l’opération au niveau européen et de se voir couronné empereur. La république en marche, qui ne peut espérer qu’une vingtaine de sièges de députés à l’assemblée européenne sera bien forcée de s’allier avec d’autres formations politiques. Et sa véritable nature apparaitra clairement si elle rejoint, comme c’est probable, le groupe des libéraux. Prenant ses désirs pour des réalités, le patron de la REM, se faisant ici la voix de son maître, escompte réussir une OPA sur ses futurs alliés en en prenant le contrôle et en étendant le leadership de son chef à l’Europe entière, à la manière d’un Napoléon. Macron a réussi à conquérir la France alors qu’il ne représentait qu’environ un quart de l’opinion, grâce à l’éparpillement des voix sur ses opposants. Par une politique déconnectée de la réalité du terrain, il a coalisé contre lui les mécontentements. Il a cru se sortir d’affaire en organisant le fameux grand débat, dont il ne sait plus désormais comment sortir. Alors il le poursuit, dans un processus interminable. Faut-il lui rappeler que l’on n’a recours aux prolongations que si le match est nul ?

Commentaires  

#1 jacotte86 01-04-2019 11:57
son "amitié" avec Sarko n'est surement sans arrière pensée. attention deux crocodiles dans le même marigot cela promet du sport
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