Les caprices de Marianne

À chaque gouvernement, ses réformes. Ce n’est plus à démontrer, chaque ministre veut laisser son empreinte dans le gouvernement auquel il participe. Il est un ministère extrêmement sensible, celui de l’éducation nationale, qui a vu défiler pas moins de 30 ministres sous la Ve République, et si certains sont restés dans les mémoires, c’est plus souvent pour leurs échecs que pour leurs réussites.

En 1984, la réforme proposée par Alain Savary voulant uniformiser école privée école publique, désavouée par Mitterrand, la loi Devaquet en 1986, celle du CPE en 2006, suivies par la proposition de réforme des rythmes scolaires de Vincent Peillon, celle du baccalauréat, proposée par François Fillon… jusqu’à celle de Najat Vallaud Belkacem relative au collège qui produira le contraire des effets souhaités, à savoir le renforcement des inégalités, la liste est longue et le constat facile : toutes ces réformes se sont heurtées à des manifestations et des oppositions des personnels concernés, des parents et des élèves eux-mêmes. Elles ont presque toutes abouti à la disparition des ministres en tant que tels qui voulaient les réaliser. Il serait bien temps de se demander pourquoi. Quand certaines réformes ont abouti, elles n’empêchent pas le constat que les performances de nos élèves dans les classements internationaux sont régulièrement en baisse.

Le dernier caprice de notre république, la réforme Jean-Michel Blanquer avec son « école de la confiance », ne va pas changer la donne, la déclaration des bonnes intentions ne suffit pas !

Hier, enseignants et parents sont descendus dans la rue, pour une fois encore protester contre une réforme imposée par autoritarisme, sans concertation, avec un bel emballage, celui de la volonté de prendre « le mal par la racine » qui cache mal les besoins d’économie et la fragilisation du système public.

L’instauration de l’école obligatoire à trois ans est « un phare » bien pâlot qui ne concerne que 20 000 enfants soit 2 % du public visé, suggère au passage de faire appel aux jardins d’enfants pour participer à l’instruction obligatoire, une façon de glisser vers la privatisation, sans compter des charges supplémentaires pour les communes qui devront financer les maternelles privées et de nouveaux postes ATSEM.

Le dédoublement des classes de cours préparatoire, s’il a été une réussite pour les élèves concernés, a supposé des fermetures et entraîné une surcharge pour les écoles n’étant pas secteur prioritaire, la suppression de 2500 postes d’enseignants ne facilitera pas la suite du dispositif. Devant la mobilisation importante des enseignants le 4 mars, le ministre fait un pas en arrière, sur la proposition de créer « des établissements publics des savoirs fondamentaux » créant une entité d’un collège et de plusieurs écoles primaires, plus question de l’imposer ! Quant à la mise en place d’un tronc commun au collège, complété par le choix de trois enseignements spécialisés, qui supposera des déplacements de professeurs si les demandes de la spécialité ne sont pas suffisantes, on imagine la réaction des collèges que l’on va mettre en concurrence en matière de dotation. À défaut d’un printemps chaud, la rentrée ne sera peut-être pas un long fleuve tranquille pour le ministre, malgré sa « lettre d’amour » du 26 mars aux enseignants.

Quand il se reposera comme ses prédécesseurs, qui se sont cassé les dents sur le « mammouth » on se rappellera peut-être de lui pour ses propositions révolutionnaires : l’apprentissage de la lecture par la méthode syllabique, le port de l’uniforme et les chorales à l’école !!!

L’invitée du dimanche