Ça passe ou ça casse

Le pouvoir en place a misé sur un essoufflement du mouvement de contestation des gilets jaunes pratiquement depuis son origine. Il a joué le pourrissement en escomptant que les protestataires se lasseraient de subir le froid sur les ronds-points et les lacrymos dans les rues. Il ne s’attendait évidemment pas à subir des manifs à répétition aussi longtemps, et surtout pas que les revendications rencontreraient un accueil aussi favorable de l’opinion publique. Pendant ces longues semaines, le président et le gouvernement ont attendu un recul de l’ampleur des rassemblements et du soutien des Français. En vain.

Que ce soit par calcul ou par incompétence, les forces de l’ordre ont reçu consigne d’éviter au maximum le contact avec les manifestants. Malgré cela, il y a eu des blessés des deux côtés de la barricade, si l’on ose dire, mais infiniment moins que si la répression avait été du même niveau qu’au premier mai par exemple. En préconisant cette doctrine, le commandement, depuis le simple chef local jusqu’au sommet de l’état savait pertinemment qu’il risquait de se produire des dégâts matériels importants et il en acceptait les conséquences. À mon avis, il en espérait même un bénéfice en pensant que l’opinion se détournerait du mouvement à cause des excès des casseurs. Mauvais calcul. Bien sûr, les partis politiques ont unanimement condamné les violences des « blacks blocs » et des quelques manifestants entraînés dans le mouvement, mais l’opinion a fait la distinction entre les revendications, toujours jugées légitimes par une majorité de Français, et les exactions commises par les plus virulents.

Pire, le retentissement médiatique causé par les débordements s’est retourné contre le gouvernement, rendu responsable de la situation dans un procès en incompétence, reconnue implicitement par Emmanuel Macron dans un changement de doctrine qui équivaut à un aveu d’échec. D’une certaine façon, les casseurs ont gagné. Ils obligent le gouvernement à restreindre les libertés publiques en interdisant certaines manifestations, ils justifient l’utilisation d’armes supposées de défense dont tout le monde sait la dangerosité. Il ne leur manque plus qu’un martyr comme Rémi Fraysse à Sivens pour remporter la bataille de l’opinion. La nouvelle stratégie de l’état entraîne clairement le risque que le gouvernement voulait éviter à tout prix, celui d’un mort au cours d’une opération de maintien de l’ordre. D’ores et déjà, les manifestants et une partie de l’opinion ont intégré que la violence était évidemment un mal, mais un mal rendu nécessaire et qui peut se résumer dans un des slogans des protestataires : « pas de casseurs, pas de vingt heures ». De son côté, le président s’engage dans une spirale dangereuse qui s’explique par la pénurie de carottes, déjà toutes mangées en décembre. Reste le bâton.

Commentaires  

#1 jacotte86 20-03-2019 10:58
mi je ^pense aux animaux malade de la peste...on a déjà destitué "ce pelé ce galeux" de préfet de police il va falloir en trouver d'autres plus importants pour calmer le petit peuple
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