Besoin d’aires…

Non il n’y a pas d’erreur d’orthographe, je veux parler des aires d’accueil pour les gens du voyage, qui sont une partie de ces populations marginales qui m’intéressaient dans mon dernier billet.

Ils sont entre 400 et 500 000 personnes, d’origines diverses, manouches, gitans, Tziganes, Yéniches, possédant très majoritairement la nationalité française, 1/3 sédentaires, 1/3 semi sédentaires et 1/3 vraiment nomades. La loi Besson, en 2000, donne obligation aux communes de plus de 5000 habitants d’installer une aire d’accueil avec eau, électricité et sanitaires, il en faudrait 41 500, à peine 52 % ont été réalisées…

La catégorie gens du voyage a été créée par une loi en 1969 pour les activités ambulantes commerciales. Il y était fait état d’une disposition obligeant, entre autres contraintes, de posséder un livret de circulation délivré par les autorités administratives, contrôlé au minimum tous les trois mois par les autorités, toute infraction à ce règlement était punie d’emprisonnement.

En 2015, la loi égalité et citoyenneté appliquée par décret en janvier 2017 en même temps qu’elle supprime la catégorie, supprime cette odieuse entrave à la liberté de circulation.

Aujourd’hui, l’itinérant peut demander son rattachement à la commune de son choix (qui sera retenue pour une durée de deux ans après avis motivé du maire, sur décision du sous-préfet) il sera domicilié au CCAS ou au CIAS. Toutes les activités citoyennes lui sont possibles : mariage, élections, service national… Mais le rattachement à cette commune ne vaut pas domicile fixe, ni droit aux aides sociales !

Motivée par le sujet de mon billet, je suis allée sur l’aire d’accueil de ma commune, j’y ai rencontré une famille de quatre enfants de 10 à 19 ans, avec qui les échanges ont été riches.

Ils viennent régulièrement sur cette aire d’accueil, possédant 2 × 12 places de stationnement, répondant aux normes d’installation. Leur autorisation de stationnement est donnée pour cinq mois, mais adaptable en fonction de la scolarisation de leurs enfants. Ils doivent impérativement laisser une période d’un mois entre deux demandes de séjour, et de toute façon partir pendant la période d’entretien du terrain.

Depuis 2018 la gestion de l’aire d’accueil a été confiée à un prestataire de services, la société Vago, qui, d’après les résidents, fait bien son travail, entre autres, elle encaisse les frais de stationnement de 50 € par semaine et par emplacement, après un dépôt de garantie de deux fois le forfait hebdomadaire.

Monsieur M… travaille régulièrement à Airbus, Madame M… effectue des missions temporaires dans une conserverie. La plus jeune est à l’école primaire, les deux garçons de 14 et 15 ans ont été retirés du collège, victimes de brimades et d’insultes racistes (10 % des victimes de racisme sont Tziganes ou gens du voyage) les parents ont préféré leur inscription au CNED. Un peu dépassés par le système, ils auraient besoin d’aide, mais aucune démarche des parents n’a abouti !

Madame M… explique la difficulté d’avoir accès à des emprunts ou à des services administratifs ou commerciaux, ne pouvant fournir les sacro-saints justificatifs, de quittance de loyer, d’électricité ou de téléphone, puisque ne possédant pas d’adresse de domicile autre que le CCAS. Elle parle aussi du poids des préjugés qui les marginalisent et de son rêve d’acquérir leur terrain… Nos échanges sont loin d’être terminés, car dès la semaine prochaine, je vais soutenir Jessy et Andy dans leur parcours scolaire, le hasard d’un billet fait parfois bien les choses !

 

L’invitée du dimanche

Commentaires  

#1 Isabelle 12-03-2019 15:06
Superjacotte, tu as toute mon admiration!
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