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Les malheurs de Sophie
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 9 mars 2019 10:26
- Écrit par Claude Séné
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Petite devinette. Quel est le point commun entre le président de la République française et la comtesse de Ségur, née Rostopchine, dont les récits, du général Dourakine à l’Auberge de l’ange gardien, ont enchanté l’enfance de nombreux lecteurs, dont je suis. Je vous accorde par avance que le lien n’est pas forcément d’une évidence aveuglante. Le titre devrait portant vous mettre sur la voie. Quand Sophie Rostopchine s’inspire de son histoire pour nous narrer les aventures des « petites filles modèles » dans la fameuse bibliothèque rose, le futur président a fait des études de philosophie.
La discipline philosophique désigne étymologiquement la recherche de la sagesse, qui se confond avec le savoir, mais les sophistes se sont surtout distingués par leur science de l’argumentation et leur éloquence. Les Jésuites qui ont professé auprès d’Emmanuel Macron peuvent être fiers, à juste titre, de leur élève qui manie le syllogisme et le sophisme à la perfection. C’est ainsi qu’au cours d’un des nombreux débats interminables menés par le chef de l’état pour distraire le bon peuple de ses malheurs, Emmanuel Macron a déclaré qu’il n’y avait pas eu de violences policières et qu’il réfutait le terme de répression à l’égard des gilets jaunes, car, je le cite, « ces mots sont inacceptables dans un état de droit ». Dont acte. Si nous prenons le modèle type du raisonnement par le syllogisme, dont l’exemple le plus fameux est : « tous les hommes sont mortels, or Socrate est un homme, donc Socrate est mortel », nous constatons que la démonstration est impeccable sur le plan de la logique et que son contenu est conforme à la réalité. Que dit en substance le président ? Dans un état de droit, il n’y a pas d’usage abusif de la force, or la France est un état de droit, donc il n’y a pas eu de violence policière. CQFD. Formellement inattaquable, le syllogisme est en contradiction absolue avec la simple observation des faits.
Le président affirme tout aussi gratuitement qu’il n’y a eu ni mort ni blessés graves du fait des forces de l’ordre. C’est oublier un peu rapidement le décès de Zineb Redouane, victime collatérale d’un jet de grenade lacrymogène en fermant la fenêtre sur son balcon, sans compter les nombreux blessés éborgnés par les lanceurs de balles ou mutilés par des grenades de désencerclement. Concernant la répression, 1400 blessés dont 90 grièvement chez les manifestants, 2800 interpellations dans la seule ville de Paris, 9228 cas d’utilisation des LBD ayant donné lieu à 111 enquêtes dont on sait par avance qu’elles ne donneront aucun résultat, ne comptent donc pour rien ? Si la comtesse de Ségur revenait parmi nous, elle pourrait écrire une suite à ses ouvrages, mais ça ne serait pas pour les gamins. Je lui suggèrerais de l’intituler : « les malheurs de Marianne ».