Dieu soit loué !

Vous avez remarqué que s’il est possible de le louer, il n’est pas prévu d’acheter ou de vendre cette entité qui nous aurait créés à son image. Bien que résolument athée, je me suis pris à vouloir croire aux miracles en entendant le verdict dans le procès du cardinal Barbarin, condamné à 6 mois de prison pour ne pas avoir dénoncé les agissements du père Preynat, dont il a reconnu avoir eu connaissance. Bien sûr, il bénéficiera du sursis, et il fera appel, mais cette décision fera date.

Les magistrats ont eu le courage de passer outre à l’absence de réquisitions du ministère public, qui ne s’était pas honoré par excès de révérence envers un corps constitué qui ne peut pas se placer au-dessus des lois. Si la justice des hommes a sanctionné l’irresponsabilité de l’institution religieuse, on ignore de quelle manière la justice divine s’exercera, ou non, à l’égard de ses représentants. Par contre, il est permis d’espérer que le Pape acceptera la démission que le cardinal projette de lui présenter, manifestant ainsi que ses promesses de balayer devant la porte de l’église ne sont pas que des vœux pieux. Car enfin, même si les faits étaient prescrits, « grâce à Dieu » selon la formule malheureuse du prélat qui trahissait à travers son lapsus le soulagement d’échapper à la justice, le cardinal était pour moi gravement coupable de ne pas avoir soustrait les enfants au prêtre pédophile, redoutable prédateur sexuel, en ayant connaissance de ses agissements.

Le verdict est révélateur d’un changement de mentalité de la population, dont l’institution judiciaire se fait ici l’écho. Les victimes osent parler, et le regard de la société a évolué. La honte a changé de camp. À cette occasion, nous avons aussi appris que les agressions ne touchaient pas que les enfants. On pouvait penser que seuls quelques prêtres égarés s’en prenaient aux victimes désignées les plus vulnérables. On se rend compte aujourd’hui que les religieuses, les jeunes hommes et femmes gravitant dans le monde religieux, personne n’était ou n’est à l’abri de prêtres plus nombreux qu’on l’imaginait et pouvant s’être élevés dans la hiérarchie catholique jusqu’aux plus hautes responsabilités. On ne m’enlèvera pas de l’idée que la contrainte du célibat est pour beaucoup dans les frustrations sexuelles des ecclésiastiques, même si cela ne saurait en aucun cas constituer une excuse. Quelle que soit la forme que revêt leur comportement, pédophilie, homo ou hétérosexualité, ces prêtres utilisent sciemment et cyniquement leur position d’autorité sans se soucier des conséquences tragiques souvent à vie ressenties par leurs proies. Ils ne méritent aucune indulgence, non plus que ceux qui ne dénoncent pas leurs actes, et j’espère que l’enfer existe pour ceux qui y croient afin d’y rôtir le restant de leurs jours, et plus si affinités.