Le verre aux trois quarts vide
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 7 mars 2019 10:36
- Écrit par Claude Séné
Voilà plus de quatre mois que le président attend impatiemment que les Français se détournent enfin de l’action des gilets jaunes et, en arrêtant de les soutenir, lui redonnent leur faveur. Le lancement d’un débat national et le recueil de revendications organisé pour l’occasion ont pour but évident d’allumer un contrefeu destiné à détourner l’attention et à feindre de prendre en considération les préoccupations de la population, et notamment celle qui a été visée par les initiatives gouvernementales. On peut imaginer que le pouvoir suit de près les résultats des différents sondages sur le sujet.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il y a à boire et à manger. La cote présidentielle tout d’abord. Selon YouGov, elle remonte de 3 points pour retrouver un niveau comparable à celui d’octobre 2018. Mais pour l’IFOP, elle baisse de 3 points. Difficile d’en déduire une tendance. Les deux organismes lui accordent entre un quart et un tiers d’opinions favorables seulement, soit à peu près le score du premier tour de la présidentielle. Cette défiance se retrouve dans les indicateurs concernant le débat. Seul un quart des Français pense que les propositions qui en sortiront seront prises en compte pour « infléchir » les orientations du gouvernement, et plus de la moitié doute de l’impartialité de la synthèse qui sera faite à l’issue des discussions. Les trois quarts souhaitent donc logiquement un référendum sur les propositions, qui n’est cependant plus à l’ordre du jour, l’exécutif mesurant probablement tous les risques d’une telle consultation.
Comme sœur Anne, le président en est donc réduit à scruter l’horizon en espérant voir enfin le mouvement de contestation s’essouffler et finir par s’éteindre de lui-même. La participation est effectivement en baisse presque continue, mais elle se maintient à un niveau élevé, selon les propres chiffres du pouvoir, qui n’ose pas les minorer encore davantage. Peut-être plus important encore, si le gouvernement communique beaucoup sur l’opinion qui juge que le mouvement devrait être suspendu pendant le débat, il subsiste encore plus de la moitié qui soutient le mouvement et jusqu’à 69 % qui le trouvent justifié. Ce ne sont pourtant pas les manœuvres d’intimidation qui ont manqué, en accusant les manifestants pacifiques de se rendre complices des violences en participant à des rassemblements non autorisés. Sans oublier la poursuite des arrestations arbitraires et des matraquages aveugles ou l’usage de procédés de maintien de l’ordre mis en question par l’ONU. La honte pour les membres du gouvernement qui se défendent maladroitement. Qu’on le prenne d’une façon ou d’une autre, pour la France, en ce moment, le verre n’est qu’à un quart plein, et aux trois quarts vide.