Secret défense
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 27 février 2019 10:56
- Écrit par Claude Séné
Il ne vous aura pas échappé que la France connait en ce moment un épisode climatique particulier. La conjugaison de températures élevées pour la saison et l’absence de vent, due à un anticyclone installé durablement sur le pays, crée les conditions d’un pic de pollution au-dessus des métropoles urbaines, dont naturellement Paris. Des mesures de restriction de la circulation ont été prises dans les zones concernées et l’on ne peut que les approuver, surtout si, comme moi, on habite à la campagne et que l’on n’est pas touché.
J’ai pourtant eu la curiosité de me renseigner sur l’origine de la pollution que nous subissons. Ou, devrais-je dire, les origines des diverses pollutions qui nous affectent. Si je prends mon cas particulier par exemple, je suis probablement plus touché par les pollens que par les particules fines émises par les moteurs diésel. Pourtant, l’état ne communique pratiquement que sur le secteur du transport, dont la responsabilité serait massive, ce qui est peut-être le cas, mais se garde bien de mentionner l’industrie ou l’agriculture, sauf de manière évasive et générale. Les informations sur ce sujet sont aussi difficiles à trouver que celles concernant la défense nationale. Il semble qu’il soit nettement plus facile de restreindre la circulation, même si c’est souvent en traînant les pieds, que d’agir sur les processus industriels. Je n’ai pas entendu dire que les usines se verraient affecter une vignette similaire à celle des voitures, et qu’elles devraient fermer ou réduire leur production selon le degré de pollution atteint.
Tout se passe comme dans la célèbre anecdote de l’homme qui cherche ses clés sous un réverbère, non pas parce que c’est l’endroit où il les a perdues, mais parce que c’est le seul où il y a de la lumière. Déclarer la guerre à la voiture, comme on en a souvent l’impression, c’est tentant, cela rejette la culpabilité générale sur les individus, fautifs de n’avoir pas les moyens d’acheter des véhicules « propres » ou d’habiter trop loin des transports en commun. Le Français moyen, pas si bête, mais discipliné par force, a acheté consciencieusement les véhicules diésel qu’on lui vendait et dont on lui vantait la frugalité, pour être finalement montré du doigt et soumis à la tentation de changer pour une voiture hybride ou électrique, trop chère pour lui, qui sera peut-être un jour prochain clouée au pilori à cause de ses batteries. Sans compter que les constructeurs fabriquent des voitures inutilement lourdes donc gourmandes, parce que l’on a persuadé le consommateur qu’il lui fallait en ville un véhicule capable de franchir la cordillère des Andes et de résister à la charge d’un buffle en colère. Le slogan qui en résulte c’est plus que jamais : chacun pour soi et sauve qui peut !