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Le flair
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 26 février 2019 10:53
- Écrit par Claude Séné
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La principale qualité d’un animal politique, qu’il soit mâle ou femelle, c’est probablement sa capacité à renifler l’air du temps et à saisir très rapidement dans quelle direction souffle le vent pour adapter immédiatement son comportement. D’où la célèbre expression, formulée par Edgar Faure en son temps, qui objectait à ses détracteurs que ce n’était pas la girouette qui tournait, mais bien le vent. Une aptitude qui lui a permis de s’adapter à toutes les majorités, d’aucuns diront aussi de manger à tous les râteliers, malgré un léger cheveu sur la langue.
On ne peut pas dire que Jacqueline Gourault, ministre Modem du gouvernement Philippe, ait fait preuve d’intuition en prenant au mot le Président qui appelait sa majorité à faire des propositions novatrices pour nourrir le grand débat. Alors que le pays est au bord de l’explosion sociale dans une crise où la question fiscale et le pouvoir d’achat sont au centre des revendications des gilets jaunes et des cahiers de doléances qui ont fleuri un peu partout, elle n’a rien trouvé de mieux que d’agiter un chiffon rouge en proposant de faire payer aux plus pauvres les conséquences de l’injustice permanente en les assujettissant eux aussi à l’impôt sur le revenu. Elle justifie cette mesure par le consentement à l’impôt qui serait mieux accepté, car plus universel. Il lui aura peut-être échappé que tous les Français paient déjà la TVA et la plupart la CSG. Elle a d’ailleurs obtenu un franc succès, tant du côté de la majorité que de l’opposition.
Cette brillante idée faisait suite à une première illumination qui provenait cette fois de députés de la majorité plaidant pour le retour de la taxe carbone majorée, malgré le gel annoncé par Emmanuel Macron pour tenter de désamorcer la colère populaire contre cet impôt particulièrement injuste. Une idée immédiatement reprise par le ministre de l’Écologie, François de Rugy, à se demander s’il n’en était pas l’inspirateur en sous-main. Il faut manquer singulièrement de réalisme pour ne pas voir que cette taxe symbolise la dictature des élites urbaines sur la ruralité, qui subit sans pouvoir s’en sortir. Les écologistes proposent d’affecter les recettes différemment, alors que le nœud du problème, c’est le montant du prélèvement, jugé insupportable par beaucoup. Et aussi le sentiment que le gouvernement se moque bien de l’environnement, tout comme de la sécurité routière, et que son unique objectif est de remplir les caisses de l’état en faisant les poches des automobilistes, par la fiscalité sur les carburants et par les pièges que les radars constituent à leurs yeux. Le pouvoir n’avait rien vu venir. Après les lourdes défaites infligées aux syndicats et à ceux qu’ils représentent, Emmanuel Macron s’est cru tout permis. Il paie le cruel tribut de son manque de flair, et sa méconnaissance des classes populaires.
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