Viendront-ils le chercher ?
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 21 février 2019 10:39
- Écrit par Claude Séné
Alexandre Benalla, ainsi que son acolyte, Vincent Crase, ont dormi en prison pour une violation présumée de leurs obligations du contrôle judiciaire qui leur interdisait de communiquer entre eux. L’avocate de l’ancien chargé de mission affirme que son client est victime d’une injustice, mettant même en doute l’authenticité des enregistrements publiés par Mediapart, pourtant accablants pour les deux hommes. Ma première réaction a été de m’indigner de cette tentative d’apitoiement sur le sort de cet homme qui semble porter une lourde responsabilité dans les divers « dysfonctionnements » de l’Élysée, comme on les appelle pudiquement.
Au deuxième « rabord », il me paraitrait foncièrement anormal que ce soit le lampiste, l’exécutant, à qui l’on a laissé la bride sur le cou, qui endosse la responsabilité totale et unique de tous ces abus. Bien sûr, Alexandre Benalla s’est comporté comme un cow-boy, il a exploité les failles du système avec un aplomb digne de son mentor, et il doit être jugé et condamné pour ses actes, s’ils sont avérés. Le hasard du calendrier a voulu que la commission sénatoriale remette ses conclusions au même moment, faisant apparaitre de nombreuses irrégularités dans le fonctionnement des services de la Présidence. La question est de savoir si ces manquements sont accidentels, ou s’ils ont été organisés sciemment sur ordre de leurs supérieurs afin de dissimuler des vérités gênantes ou s’exonérer de leurs responsabilités. À vrai dire, on ne sait pas quelle hypothèse est la plus embarrassante. Lorsque l’affaire a éclaté au grand jour, après un silence gêné au plus haut sommet de l’état, le président de la République en personne s’est exprimé, dans un cercle privé, en prenant grand soin de laisser filtrer ses déclarations. C’était le 25 juillet 2018 et Emmanuel Macron a revendiqué sa responsabilité en mettant au défi de mystérieux interlocuteurs de « venir le chercher ».
Chiche ! Monsieur le Président. Vous qui réclamez l’indulgence pour Alexandre Benalla, mais sans doute en réalité pour vous, qui lui avez fait une confiance aveugle, et qui n’avez pas eu le courage de le désavouer quand il a manifestement franchi toutes les lignes rouges de la République, comme un enfant trop gâté. N’attendez pas que la justice vienne vous chercher, puisque vous êtes irresponsable tout le temps de votre mandat. Vous laissez dire que le Sénat outrepasse ses pouvoirs, au nom de la séparation des pouvoirs, alors que vous utilisez le pouvoir absolu qui est donné au président en exercice de ne rendre de comptes à personne, contrairement au gouvernement et au Premier ministre, qui suivent pourtant vos instructions. Oserez-vous affronter le suffrage universel sous la forme d’un référendum, en sachant que c’est votre crédibilité qui sera ainsi étalonnée, quelle que soit la question posée ?