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Marigot
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 16 février 2019 10:47
- Écrit par Claude Séné
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Un proverbe africain, dont je ne peux pas certifier l’authenticité, affirmerait que l’on ne doit pas mettre deux crocodiles dans le même marigot. La tentation de la comparaison avec le monde politique est grande, mais trouve rapidement sa limite quand on observe le fonctionnement des nominations à la juridiction la plus élevée du pays, le Conseil Constitutionnel. Il comporte en effet 9 membres, auxquels s’ajoutent les membres à vie que sont les anciens Présidents de la République. Par chance, mis à part Giscard d’Estaing, qui ne siège d’ailleurs que très épisodiquement, les autres sont empêchés pour cause de décès ou par suite d’une décision personnelle.
Contrairement à l’Académie, où il faut attendre la mort d’un immortel pour postuler à son siège, et où il arrive qu’aucun impétrant ne fasse l’affaire, les membres du Conseil sont nommés pour 9 ans, et renouvelables par tiers. C’est ainsi que le président de l’Assemblée nationale a proposé à Alain Juppé de faire partie de la prochaine fournée, ce qui l’a amené à faire des adieux déchirants à la mairie de Bordeaux qu’il a occupé presque sans discontinuer depuis 25 ans, mise à part sa période d’inéligibilité consécutive à sa condamnation dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris. Chacun jugera si ses larmes étaient sincères ou comparables à celles des sauriens évoqués plus haut. Les mauvais esprits se demandent si l’irremplaçable maire de Bordeaux ne serait pas opportunément mis sur la touche afin de chauffer la place pour quelque parachutage au profit du pouvoir.
D’autres s’interrogent tout haut sur la nécessité d’un casier judiciaire immaculé pour arbitrer les questions de droit au plus haut niveau. Comme s’il était nécessaire d’être croyant pour être pape ! La pratique religieuse assidue suffit largement. Il semble plus facile d’être membre du conseil des « sages » que de postuler à une fonction d’enseignant ou de postier. C’est donc la mort dans l’âme que le « meilleur d’entre nous », qui semblait promis aux plus hautes fonctions de l’état a décidé de renoncer à terminer son mandat local pour aller pantoufler dans ce poste prestigieux. Pour atténuer quelque peu son chagrin, et se consoler de la distance mise avec sa bonne ville de Bordeaux dont il semble se considérer comme propriétaire, il sait qu’il n’y perdra pas financièrement. Il perçoit actuellement 3500 euros mensuels comme maire, à quoi s’ajoutent 2700 euros comme vice-président de la communauté urbaine, et ses nouvelles fonctions lui rapporteront 16 200 euros environ. Assez pour s’acheter un bon stock de mouchoirs, je pense.
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