Alléluia !

Loué soit le seigneur, mes frères ! Loué soit le seigneur, mes sœurs ! C’est une excellente nouvelle pour celzéceux qui cherchent du travail. Le taux de chômage est passé sous la barre des 9 % et c’est son plus bas niveau historique depuis 10 ans. À peine les chiffres encore provisoires publiés par l’Insee, la ministre du Travail s’est empressée de s’en féliciter et de s’en attribuer le mérite pour avoir fait voter des lois et adopter des ordonnances dont elle se dit persuadée de l’efficacité.

Quand on sait que c’est elle-même qui a décidé de ne publier de statistiques que trimestrielles et non plus mensuelles comme par le passé pour éviter les effets de yoyo rendant la tendance illisible, la prudence aurait voulu de ne pas se réjouir trop vite et d’éviter de se parer des plumes de l’ours ou de vendre la peau du paon. Il n’y a pas si longtemps, sous un autre quinquennat, le gouvernement avait dû tempérer son optimisme après de bons chiffres dus à une erreur informatique. Pas plus qu’un mois, un trimestre ne fait le printemps. Il convient donc d’en avoir confirmation, s’il s’agit réellement d’une embellie. Car y a-t-il vraiment de quoi pavoiser ? La baisse annoncée est de 0,3 %, ce qui est mieux que rien, mais il faut rapporter notre taux de chômage de 8,8 % à celui de pays comparables tels que l’Allemagne à 3,4 % ou le Royaume-Uni à 4 %. Avant de se gargariser des effets positifs de la nouvelle législation, il faut observer que certains indicateurs vont en sens inverse. Les créations d’emploi sont en forte baisse en 2018 avec 100 000 postes nouveaux contre 3 fois plus en 2017. Une évolution qui suit la courbe de la croissance, passée de 2,3 % en 2017, à 1,5 % en 2018.

Une météo capricieuse donc, et il serait bien imprudent de se découvrir de tous ses fils et de se mettre prématurément en tenue d’été. La simple honnêteté commanderait de reconnaître que l’économie à l’échelle d’un pays ne se pilote pas comme un dériveur, mais plutôt comme un porte-avion. Les grandes décisions, outre qu’elles ne produisent pas toujours les effets recherchés, ne se font sentir qu’avec un décalage très important dans le temps. D’une certaine façon, Hollande a hérité de la politique de Sarkozy, et Macron de celle de son prédécesseur. Quant aux effets des lois sur le travail, et ceux des lois scélérates en préparation, on ne les sentira pleinement que beaucoup plus tard, quand on aura oublié le nom de Muriel Pénicaud et consorts, qui ne seront plus là pour en assumer les conséquences. En attendant, hâtons-nous de nous réjouir, avant que de devoir en pleurer.

Commentaires  

#1 jacotte86 15-02-2019 11:51
belle analyse d'une personne qui dans son enfance voulait être marin pompier aviateur tu y es presque arrivé
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