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Prends l’oseille et tire-toi
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 14 février 2019 10:24
- Écrit par Claude Séné
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L’histoire a un parfum de « déjà-vu ». Un convoyeur de fonds d’une société très connue a disparu avec son fourgon contenant environ 3 millions d’euros dans la région parisienne. Il a été retrouvé à Amiens, sa ville d’origine, où il s’était réfugié, et la police a pu récupérer à peu près la moitié des sommes détournées. L’enquête se poursuit pour déterminer les complicités éventuelles et tenter de retrouver le million et demi manquant. Une belle petite somme pour un métier dont le salaire moyen s’élevait à 2000 euros mensuels en 2018.
Ce scénario ressemble beaucoup à celui de l’affaire Toni Musulin, portée à l’écran sous le titre 11.6, qui représente le montant du butin contenu dans le fourgon. On retrouvera le convoyeur, qui sera condamné à 5 ans d’emprisonnement, et 9 millions d’euros. Deux millions et demi ne seront jamais récupérés, mais on imagine qu’ils n’ont pas été perdus pour tout le monde. Toni Musulin sort de prison au bout de 4 ans et je n’ai pas d’autres nouvelles. Évidemment, ces convoyeurs ont enfreint la loi et il ne saurait être question de les absoudre. On peut cependant comprendre leur attitude, sans l’excuser. Quand on voit passer quotidiennement des sommes considérables, une sorte de pipe-line à fric, la tentation est grande de dériver une petite partie du Pactole, du nom de cette rivière de l’antiquité qui était supposée charrier des paillettes d’or, pour son profit personnel. D’autant plus que l’affaire Musulin a démontré que le gain lié au détournement d’argent, rapporté au nombre de mois passés en détention, était très largement supérieur à la plupart des emplois légaux.
On peut se demander si ce ne sont pas des mécanismes comparables qui expliquent l’attitude d’Alexandre Benalla, qui aurait touché plus de 2 millions pour assurer la protection de deux oligarques russes, pendant ou après ses fonctions à l’Élysée, profitant manifestement du flou de son statut pour faire ses affaires. Soit le conseiller spécial du président aurait été touché par l’ivresse des sommets, la raréfaction de l’oxygène dans les hautes sphères aurait amoindri son discernement et aboli tout sens moral, soit il aurait jugé que le risque en valait la chandelle et se serait laissé éblouir par l’argent facile, alors que son salaire n’était guère plus élevé que celui d’un convoyeur de fonds. On ne peut pas dire que l’état français fasse preuve de précipitation dans le traitement de ces affaires russes, il est nettement plus prompt à tenter de circonvenir les sources des journalistes, mais il ne pourra pas fermer totalement les yeux sur ce qui ressemble furieusement à un conflit d’intérêts doublé de la mise en danger de la sureté nationale, et accessoirement d’un crime de parjure devant une commission parlementaire.