La facture sociale

Alors que le mouvement des gilets jaunes s’apprête à passer à l’acte 5, dont personne ne sait s’il sera ou non le dernier, on commence à faire les comptes des répercussions économiques des manifestations qui ont eu lieu jusque-là. Et la facture est déjà salée. Il y a la partie émergée de l’iceberg, avec les dégradations, le vandalisme et le pillage qui ont frappé la capitale et de nombreuses villes de province. Plusieurs millions d’euros à coup sûr. Un coût non négligeable qui s’ajoute à l’effet désastreux des scènes de violence abondamment relayées sur les réseaux sociaux et les chaînes d’information continue.

Le ministre de l’Économie dramatise volontairement l’impact de ce mouvement social en évoquant une catastrophe, difficile à chiffrer pour l’instant, mais qui pourrait se traduire par une perte de plusieurs milliards d’euros. Les prévisions de croissance du 4e trimestre seraient ainsi en recul de 0,1 point sur les dernières estimations avant la crise. Sur un PIB d’environ 2000 milliards, l’impact est donc déjà de 2 milliards. Tout ça pour une mesure qui était supposée rapporter environ 4 milliards en prélevant une taxe aveugle sur tous les automobilistes. Admettons le raisonnement de Bruno Lemaire pour les besoins de la démonstration et négligeons le caractère injuste du prélèvement et l’escroquerie qui consiste à prétendre qu’il s’agit d’écologie quand il est question de remboursement de la dette ou de cadeaux aux privilégiés sous forme de « flat tax » et d’ISF. Puisque les conséquences économiques du mécontentement sont si dramatiques, pour quelle raison le gouvernement et le président de la République ont-ils tant tardé à prendre la mesure des évènements et à se décider à lâcher enfin du lest ? Au nom de quel orgueil et de quel entêtement Emmanuel Macron tient-il tant à avoir raison contre tout le monde ? À quoi sert de verser des larmes de crocodile sur le lait renversé comme le font les membres du gouvernement, tels Perrette et ses châteaux en Espagne ?

L’intransigeance a payé contre les salariés de la SNCF et a peut-être renforcé le sentiment d’impunité et l’arrogance du pouvoir, qui se targuait alors d’avoir démantelé un des derniers bastions de la classe ouvrière. Macron gère la France comme une start-up. On ne fait pas grève dans une start-up. On adhère au projet ou l’on s’en va. Trop de Français vivent dans cette France bis où les fins de mois durent 30 jours et où le moindre euro supplémentaire prélevé est pris sur le nécessaire, car le superflu n’est qu’un rêve inaccessible. Le retour au calme passe par des mesures concrètes, sonnantes et trébuchantes, immédiates et significatives. Je crains que le sommet de l’état repousse encore ces mesures de bon sens dans l’espoir vain d’éviter de perdre la face.

Commentaires  

#1 jacotte86 10-12-2018 10:46
macron n'aurait_il pas Perrette pour deuxième prénom? tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse
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