Toute honte bue
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 26 novembre 2018 10:52
- Écrit par Claude Séné
Emmanuel Macron a eu honte. Enfin, me direz-vous ? Serait-ce le début d’un mea culpa salutaire ? Euh, je crois que vous n’y êtes pas du tout. En effet, selon le dictionnaire, la honte c’est : « un sentiment désagréable causé par le fait de réaliser que l’on a fait quelque chose de mal ». Une notion parfaitement étrangère, donc, à celui qui a toujours été premier de la classe, mais qui a un flair infaillible pour la déceler chez les autres qui n’ont pas la chance de cultiver comme lui l’excellence.
C’est donc sur les fauteurs de trouble que le Président de la République souhaite faire peser l’infamie. Il désigne à la vindicte populaire ceux qui devraient avoir honte et dénonce ceux qui s’en prennent aux forces de l’ordre et qui violentent les citoyens. Il vole même au secours des journalistes qu’il ne se prive pourtant pas de vilipender à la moindre occasion. Pas un instant il ne semble s’interroger sur les causes de ces troubles et la façon honteuse dont son gouvernement a favorisé les plus riches depuis qu’il est au pouvoir. S’il n’est pas question de cautionner des violences dénoncées par les manifestants eux-mêmes, il serait trop facile d’en tirer argument pour refuser tout dialogue sur le fond et les revendications des opposants, fussent-elles disparates. On a envie de dire à Emmanuel Macron : « vous n’avez pas honte ? Faut-il attendre que le pays soit à feu et à sang pour daigner remarquer qu’il y a peut-être matière à consulter les principaux intéressés sur la façon dont vous les administrez ? » Et la ministre chargée des outremers qui attend patiemment un embrasement généralisé pour se rendre dans l’île de la Réunion ? C’est un comportement responsable, cela ? Qui est le principal fauteur de trouble dans cette affaire ?
La tentative maladroite du ministre de l’Intérieur de faire endosser au rassemblement national la paternité des violences sur les Champs-Élysées a tourné court. Comment expliquer que l’on ne retrouve aucun des 200 militants d’extrême-droite parait-il identifiés, parmi les 101personnes interpelées et mises en garde à vue à l’issue des manifestations ? Cherchez l’erreur. En somme, les choses n’ont pas beaucoup changé depuis l’époque où Coluche, sans s’énerver, expliquait aux gens que la France c’était un pays libéral, dans lequel on pouvait être en colère, à condition de demander gentiment et de manifester là où on lui dit de le faire et surtout pas là où habitent les puissants. Ah ! Si, un truc nouveau. Maintenant, manifester tous les jours à Créteil entre la gare et la poste, si l’on a un gilet jaune, c’est très mal vu.