Câlinothérapie
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 23 octobre 2018 09:40
- Écrit par Claude Séné
J’avoue. C’est ma faute, c’est ma très grande faute. Voilà plus d’une semaine que se sont déroulées les inondations catastrophiques dans l’Aude et je n’ai pas encore trouvé la place dans cette chronique pour glisser un mot de consolation à l’intention de mes concitoyens, durement frappés par les éléments. Notez que j’ai des excuses. Pour commencer, comme le Premier ministre, qui faisait alors fonction de ministre de l’Intérieur par intérim, je n’ai pas voulu déranger. C’est pourquoi je ne me suis pas précipité le jour même, risquant ainsi de désorganiser les premiers secours, déjà bien assez occupés comme ça sans leur rajouter la charge d’une visite nécessairement protocolaire.
Sans compter que je n’ai pas voulu donner l’impression que je profitais de l’occasion pour me mettre en scène dans une sorte de récupération politique. C’est bien pour cela qu’Édouard Philippe a souhaité temporiser sa venue, en dehors du fait que son agenda était déjà bien chargé et qu’il aurait fallu différer toutes les obligations prévues ce jour-là. Et vous savez ce que c’est, une chose en entraîne une autre, les sujets d’actualité se succèdent sans discontinuer, et voilà que de fil en aiguille, la semaine a passé, et toujours pas de chronique inondation. Toutes proportions gardées, c’est peut-être un peu ce qui a fait que le président de la République, lui non plus, n’avait pas trouvé une minute pour se rendre sur place. Il s’était contenté du service minimum en s’exprimant depuis l’étranger, comme il avait juré de ne jamais le faire avant de rompre continument son serment. Mais, bon, mieux vaut tard que jamais, Emmanuel Macron s’est rendu au chevet de la France souffrante, pour distribuer consolations et promesses, toucher la tête des vieillards et embrasser les enfants, ou l’inverse. C’est dommage que les écrouelles aient été pratiquement éradiquées depuis le Moyen-Âge, il les aurait fait passer en les touchant, comme les bons rois capétiens.
Évidemment, il aurait peut-être pu attendre encore un peu, au point où il en était, et venir carrément le 25 décembre avec sa belle hotte remplie de cadeaux. Le souci, c’est que les sondages ne demandent toujours pas l’opinion des enfants en bas âge susceptibles de croire au vieux bonhomme à la barbe blanche et au costume rouge, et que les Français croient de moins en moins à la politique en général, et au monde merveilleux du marchand d’illusions qui occupe le palais de l’Élysée en ce moment en particulier. La visite présidentielle ressemble beaucoup à la publicité pour une compagnie d’assurance, qui se déroule dans un monde parfait où tous les Bisounours sont magnifiquement couverts par leur police au grand désespoir des journalistes en mal de drames bien croustillants. Il n’aura manqué que le slogan final : « envoyez la pub ! »
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