Service après-vente

Les plus hauts dirigeants ne sont pas à l’abri d’un accès de sincérité qui leur échappe et révèle, bien malgré eux, le fond de leur pensée, qu’ils auraient eu tout intérêt à garder pour eux. Et à ce moment, quand le mal est fait, il ne reste plus qu’à sortir les avirons et à essayer de se rattraper tant mal que bien en « expliquant » la bourde, en la contredisant, en la contextualisant, en la niant ou en la minimisant. En un mot, en assurant le service après-vente.

La première solution, c’est de faire soi-même le travail. Après tout, qui est mieux placé que l’intéressé pour démentir allègrement ce qu’il a déclaré dans un moment d’égarement ? On peut aussi déléguer cette opération à des personnes extérieures, mais dans un cas comme dans l’autre, on court le risque d’un manque de professionnalisme qui fait plus de mal que de bien. Je prendrai deux exemples dans la récente actualité pour illustrer mon propos. À tout seigneur tout honneur, c’est la phrase malheureuse de monseigneur Bergoglio, plus connu sous le sobriquet de pape François, qui a retenu mon attention, comme celle des millions de fidèles et de non-croyants sur le traitement de l’homosexualité, considérée comme une affection psychiatrique, à soigner dès le plus jeune âge, en toute charité chrétienne, bien entendu. Il avait pourtant bien commencé en déclarant précédemment : « qui suis-je pour juger ? » Maintenant, on a la réponse : un vieux réac qui cache son jeu et ne fait pas grand-chose contre les prêtres pédophiles. Le Vatican n’a eu d’autre choix que de « corriger » le propos en caviardant purement et simplement l’allusion à la psychiatrie, ce qui n’enlève probablement rien à la conviction profonde du pape sur les âmes égarées dans des pratiques contre nature.

La deuxième phrase polémique est l’œuvre d’un coutumier du fait, qui affectionne particulièrement ses déplacements à l’étranger pour délivrer des sentences définitives sur ses compatriotes qui ont eu la sottise de l’élire et qui commencent à le regretter pour certains d’entre eux. Selon Emmanuel Macron, les Gaulois seraient réfractaires au changement. Se rendant compte un peu tard de l’indignation soulevée par sa déclaration, il a fait une courageuse marche arrière, que d’aucuns appelleraient du rétropédalage, et il a tenté de se raccrocher aux branches en prétendant avoir voulu faire un trait d’humour. Je ferai observer au président que la qualité première de l’humour, c’est d’être drôle, et que son parcours ne l’a guère prédisposé à faire rire ses concitoyens, je dirais même au contraire. Il aurait mieux fait de confier son SAV à de véritables spécialistes comme Omar et Fred, au moins aurait-on eu un dérivatif à la morosité ambiante.

Commentaires  

#2 jacotte 86 31-08-2018 11:23
il pourra toujours se convertir dans la pratique du canoë ou du kayak
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#1 poucette 31-08-2018 10:50
de la difficulté de se croire tout permis quand on est à la tête du pouvoir....les dérapages éclairent la vraie personnalité
de Macron ...et les saines réactions à ses piteux mots d’esprit lui coutent cher.il est pour l'instant dans le rétro pédalage une gym délicate ....à suivre
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