C’est vrai parce que je vous le dis
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 25 juin 2018 10:34
- Écrit par Claude Séné
Non, ce n’est pas une exégèse du Nouveau Testament et des paroles attribuées au Messie dans l’évangile déclarant : « en vérité je vous le dis » à l’appui de nombreuses affirmations, mais il y a cependant quelques points communs avec mon propos du jour. Il faut en effet une bonne dose de croyance, d’aucuns diront de crédulité, pour adhérer à certains propos d’hommes politiques aussi différents à première vue qu’Emmanuel Macron et Recep Tayyip Erdogan.
Première citation, donc : « la France n’a de leçons à recevoir de personne » en ce qui concerne le droit d’asile. Déjà, il semble y avoir un léger malentendu : Mr Macron, mis en cause par le ministre de l’intérieur italien, Matteo Salvini, confond volontairement la France avec sa propre personne. S’il y a effectivement des citoyens français, notamment dans la vallée de la Roya près de la frontière italienne, qui font honneur à notre pays en accueillant, en hébergeant, et en protégeant des hommes, des femmes, et des enfants jetés sur les routes après avoir survécu aux pires aléas d’un voyage éprouvant, on ne peut pas dire que le président de la République française ait particulièrement payé de sa personne. Pire, il est l’instigateur d’une politique de sélection et de rejet des migrants en fonction de leurs motivations à l’exil, et il ne désavoue pas son propre ministre de l’Intérieur, auteur de propos qui le disqualifient aux yeux de tous les observateurs objectifs. Rien de bien glorieux là-dedans, non plus que les tergiversations autour de l’accueil des naufragés de la mer, d’abord sur l’Aquarius, et maintenant sur le Lifeline, cherchant désespérément un port où débarquer ses 230 passagers sauvés provisoirement de la mort et menacés de retour vers l’enfer libyen. Il ne s’agit pas de pérorer sur nos nobles intentions, mais de sauver des vies.
Passons maintenant à Monsieur Erdogan, réélu au premier tour en Turquie, si l’on en croit les résultats contestés d’une élection présidentielle sous haute tension. Fort d’un taux de participation de près de 90 %, il affirme que « la Turquie a donné une leçon de démocratie au monde entier ». Rien que cela ! Avant de se réjouir du nombre de Turcs qui se seraient déplacés pour glisser leur bulletin dans l’urne, il conviendrait de s’interroger sur un fait troublant de certains bureaux où le nombre de bulletins en faveur du président excèderait le nombre d’habitants et à plus forte raison d’électeurs. Ce ne sont pas les quelques observateurs tolérés par le pouvoir qui peuvent garantir un bon déroulement du scrutin et éviter une fraude massive. Quant aux observateurs indépendants, tels qu’une délégation communiste française, on leur a très vite fait comprendre la conception de la démocratie pratiquée sur place en les enfermant comme les dizaines de milliers de prisonniers politiques.
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