Les promesses du crépuscule
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 21 juin 2018 10:10
- Écrit par Claude Séné
Qu’y a-t-il de pire qu’un homme politique qui ne tient pas ses promesses ? Un politicien qui tient mordicus ses engagements alors même qu’ils entraînent son pays dans la voie du déshonneur et du renoncement aux valeurs humaines les plus sacrées. Les Américains ne pourront pas dire qu’ils ne savaient pas à quoi ils s’exposaient en votant pour Trump. Certains d’entre eux ont peut-être pensé qu’il ne ferait pas ce qu’il disait et ont été influencés par un vote traditionnel en faveur des Républicains, ou par défaut d’empathie à l’égard de la candidate démocrate, qui manquait singulièrement de charisme.
Jusqu’à présent, Donald Trump a accumulé les décisions unilatérales supposées avantager les États-Unis ou les délier de toutes obligations acceptées par ses prédécesseurs. Depuis le désengagement de la convention sur le climat, jusqu’au retrait du conseil des droits de l’homme de l’ONU, en passant par la dénonciation de l’accord avec l’Iran et l’affranchissement des règles du commerce international, ce n’est pas seulement la politique de « l’Amérique d’abord » que le président Trump a proclamée, mais celle de l’Amérique seulement, dût le reste du monde y laisser ses dernières chances de paix et de prospérité. Rien ni personne ne semblait en mesure d’arrêter cette folie jusqu’à ce qu’il aille décidément trop loin en séparant arbitrairement et de façon cruelle plus de 2 300 enfants de migrants du reste de leur famille. Les pleurs des victimes de ce chantage éhonté au nom d’une tolérance zéro ont ému l’Amérique profonde, jusqu’à la propre épouse d’un Trump contraint de reculer pour la première fois de son mandat en publiant un décret obligeant l’administration à détenir ensemble parents et enfants entrés irrégulièrement aux États-Unis. Ce n’est pour l’instant qu’un sursis et non un sursaut, tant le président milliardaire est persuadé d’avoir la science électorale infuse et estime pouvoir être réélu en bâtissant le fameux mur à la frontière mexicaine.
Bien que mal élu par un peu moins de la moitié des Américains, Donald Trump met en œuvre son programme, tout comme Macron, qui se prévaut d’une règle majoritaire pour imposer ses réformes à marches forcées. Peu importe que le vote de pure adhésion, celui du premier tour, lui ait apporté le soutien de moins d’un quart de la population, et que son score du deuxième tour soit faussé par le repoussoir de sa concurrente, il s’estime pleinement légitime à engager l’ensemble de la nation dans une voie très contestable faisant la part belle au libéralisme le plus traditionnel et réduisant les mesures sociales et progressistes à la portion congrue. On attend des Français qu’ils ouvrent enfin les yeux comme l’ont fait les Américains.
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