Passe ton bac d’abord
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 18 juin 2018 10:34
- Écrit par Claude Séné
C’est vrai, avec les péripéties du parcours du combattant, pardon, de Parcours Sup, sup comme supposé résoudre le casse-tête des affectations dans l’enseignement supérieur, on en aurait presque oublié qu’il y avait quand même une petite formalité à accomplir avant de pouvoir prétendre se frayer un chemin dans les amphis surpeuplés des universités. Même si près de 9 lycéens sur 10 décrochent de nos jours le « précieux sésame » selon le cliché d’une presse manquant singulièrement d’inspiration, il faut quand même passer les épreuves, et notamment celle de philosophie, rarement plébiscitée par les impétrants.
La plus jeune candidate de tous les temps n’a que 11 ans et 10 mois et elle postule en série Scientifique, une filière où la philo ne compte que pour un coefficient 3 contre 7 en série L. Elle devra répondre à la question : « toute démonstration est-elle scientifique ? » ou « une loi injuste vaut-elle mieux que l’absence de loi ? », à moins qu’elle choisisse l’explication d’un texte de Plotin. Comme souvent, les sujets se prêtent à une analyse reliée à l’actualité, notamment en ce moment avec une activité législative effrénée. Il est permis de douter de la maturité de la jeune candidate qui passe son bac à l’âge où d’autres n’ont pas dépassé le niveau de la 6e. Si les qualités de raisonnement scientifique, ou la mémorisation peuvent être acquises précocement, il semble plus difficile de manier des concepts aussi complexes sans avoir une certaine expérience de la vie. Une expérience qui ne manquera pas au doyen des candidats, qui a fêté ses 76 printemps, et à qui il faut souhaiter bon courage. Peut-être sera-t-il inspiré par le sujet de la série L, « la culture nous rend-elle plus humain ? » ou « peut-on renoncer à la vérité ? ». Pour ma part, j’aurais volontiers pris l’exemple de notre président de la République pour répondre d’un coup aux deux questions : la grande culture d’Emmanuel Macron ne l’empêche pas de malmener la vérité, de la tordre dans le sens de ses intérêts, et de mener une politique où l’humain est loin d’être au centre de ses préoccupations.
Quoi qu’il en soit, souhaitons la réussite à ces deux candidats, qui font peut-être partie des 40 % de futurs bacheliers qui ont d’ores et déjà une place réservée à la fac. La ministre de l’Enseignement supérieur s’enorgueillit d’un taux de 80 % de candidats qui ont reçu au moins une proposition. Cela veut donc dire qu’un élève sur deux n’a pas eu d’offre correspondant à ses vœux. Pas de quoi pavoiser pour l’instant. En attendant le bilan définitif, on peut déjà constater un niveau de stress plus important au moment de passer les épreuves du bac.