Ce que veulent les Italiens
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 29 mai 2018 10:38
- Écrit par Claude Séné
Généralement, on nous bassine avec des affirmations péremptoires sur les volontés supposées des Français. « Les Français n’en peuvent plus… », « les Français veulent que… », et ainsi de suite. Comme si « les Français » étaient un seul et même corps, dirigé par un cerveau totalement univoque, tendu vers un seul et unique objectif. L’exemple italien me paraît parfait pour démonter cette idée reçue, tellement confortable pour nos politiques, adeptes du « prêt-à-penser ». Les Italiens auraient donc voté comme un seul homme en faveur de la crise.
Car, comment expliquer autrement la situation dans laquelle se débat leur pays en ce moment, puisque l’on veut toujours, en Italie comme ailleurs, trouver une explication rationnelle à un comportement qui n’obéit justement pas à des critères objectifs, mais qui traduit souvent une situation confuse où l’affectif prend le pas sur la raison raisonnante. Aucune majorité d’idées n’étant sortie des urnes, les gagnants relatifs des élections italiennes ont décidé de créer une improbable coalition, aussi hétéroclite que l’aurait été l’alliance entre le Front national et la France insoumise dans notre pays. Soumise à l’épreuve de la constitution d’un gouvernement, la « combinazione » a fait long feu, le président usant de son droit de véto contre la nomination d’un ministre des finances ouvertement opposé à l’Euro, menaçant de provoquer une sortie de l’Italie de la monnaie unique. Le résultat de cet échec sera probablement la constitution d’un gouvernement provisoire formé de techniciens pour expédier les affaires courantes jusqu’à de nouvelles élections générales. Quand on voit les catastrophes que nous prépare un gouvernement qui se croit investi d’une mission sacrée en faveur des plus riches en France, on en arriverait presque à envier les Italiens. Presque. Parce que les perspectives ne sont guère réjouissantes quand on voit la progression inquiétante de l’extrême droite dans les différents pays européens. Et personne ne sait ce qu’il sortira des urnes italiennes à la rentrée prochaine. Aucun des partis italiens ne souhaitait de nouvelles élections, de peur d’en sortir affaibli.
Les élections démocratiques ressemblent de plus en plus à la roulette russe, où les circonstances peuvent faire émerger un leader totalement hors-sol, méconnu et coupé des réalités, suivez mon regard. Le peuple souverain anglais a décidé, sur un coup de tête et après un lavage de cerveau en règle, de quitter l’Europe avant de le regretter amèrement. Les politologues italiens cherchent en vain une cohérence dans le vote populaire qui a plébiscité deux mouvements aux objectifs diamétralement opposés. Je veux bien reprendre à mon compte la fameuse expression de Churchill selon laquelle la démocratie serait le pire des systèmes à l’exception de tous les autres, mais le choix du peuple est loin d’être toujours éclairé et les conséquences dépassent souvent de très loin ce qu’il en avait espéré, pour le meilleur, très rarement, pour le pire, le plus souvent.