En toute impartialité

J’ai sursauté, je vous l’avoue, alors que j’écoutais un peu distraitement la ministre de la Santé faire son autopromotion sur les antennes de France-Inter, en entendant le journaliste maison lui poser une question que rien ne suscitait dans l’actualité, concernant le remboursement de l’homéopathie. J’ignorais que Nicolas Demorand faisait autorité en matière médicale pour se permettre de trancher sur une controverse aussi ancienne que l’homéopathie elle-même, sans prendre la précaution de s’abriter derrière des sommités supposées détenir la vérité scientifique à l’exclusion de tous les autres.

« Ça fait cher le placébo », déclarait-il doctement, alors que la ministre, médusée, se demandait où était le piège avant de s’esclaffer et d’approuver ce propos polémique, tout en se gardant de paraitre prendre parti, fonction ministérielle oblige. Il est vrai que l’on a connu des éditorialistes plus incisifs et des journalistes plus affutés, à France-Inter ou ailleurs, et que les ministres ont eu l’habitude de devoir se préparer à répondre à des questions plus critiques. Je ne sais pas pour quelles raisons, bonnes ou mauvaises, Agnès Buzyn a eu le droit à ce traitement de faveur, mais il rappelle fâcheusement le climat qui régnait en 2005 lorsque l’ensemble de la presse ou son écrasante majorité soutenait le référendum sur la constitution européenne, qui devait finalement être repoussé par les Français, et imposé ultérieurement par le gouvernement en dépit de ce résultat.

J’ai donc eu la curiosité de chercher quel était le coût si exorbitant de l’homéopathie et son incidence sur le budget de la Sécurité sociale. Les médicaments homéopathiques sont remboursés à hauteur de 30 %, contre 65 % pour la plupart des médicaments traditionnels, pour une dépense évaluée entre 100 et 150 millions d’euros, sur un budget global de l’ordre de 500 milliards. On n’est pas sur l’épaisseur du trait, mais tout juste. Si les Français, qui font confiance à l’homéopathie pour trois quarts d’entre eux et l’utilisent régulièrement pour un tiers, s’étaient soignés à l’aide de médicaments allopathiques, quatre fois plus chers en moyenne, l’addition aurait été nettement plus salée. Les adversaires de l’homéopathie en font régulièrement le procès en insinuant qu’elle serait une forme d’escroquerie inefficace. Une propagande entretenue par les laboratoires pharmaceutiques dont l’avidité n’a pas de limites et qui exploitent coûte que coûte la maladie en ayant recours à des méthodes frôlant l’illégalité, quand ils n’y succombent pas tout à fait. Pour ma part, effet placébo ou pas, ce qui m’intéresse, c’est l’efficacité constatée dans un certain nombre de cas des médicaments homéopathiques et leur innocuité quand ils ne sont pas adaptés. S’il faut faire des économies, il me semble qu’elles devraient d’abord toucher les marges exorbitantes extorquées par les laboratoires pour financer les dividendes servis aux actionnaires.

Commentaires  

#1 jacotte 86 24-05-2018 13:00
obscurantisme règne toujours dans le secteur médical dommage pour ceux qu'on prive d'une approche souvent seul recours après l'échec de l'allopathie
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