Du doute à la certitude
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 1 avril 2018 12:28
- Écrit par L'invitée du dimanche
Ou aussi bien l’inverse, tellement ces deux concepts sont indissociables et complexes, appliqués dans leurs extrêmes, l’un comme l’autre est dangereux. Ils ouvrent un domaine de réflexion philosophique et métaphysique universel.
Avoir une certitude, c’est donc ne pas douter. Cela peut très bien n’être que le fruit d’une intuition, d’une adhésion trop crédule, peu objective. Chercher la certitude c’est une existence rationnelle de la recherche de vérité. Chercher la certitude à tout prix reviendrait à chercher un réconfort illusoire derrière des croyances détentrices de vérité et de valeurs universelles. La certitude évite la remise en question, elle renvoie au domaine de la vérité, des connaissances assurées, fondées prouvées.
Il y a des degrés dans les certitudes, certaines nous sont indispensables pour agir et nous engager, mais il reste nécessaire de rester critique à leur égard (c’est là bien sûr qu’interviendra le doute !) Faute de le faire, avoir des certitudes peut être catastrophique dans la mesure où cela fait obstacle à l’écoute… Même les certitudes scientifiques doivent faire l’objet de recherches, un savant doit savoir douter de sa certitude. Avoir trop de certitudes est le défaut d’un esprit qui porte des jugements trop hâtifs, souvent dans le préjugé.
Le doute, quant à lui, parfois perçu comme une faiblesse, fait partie de notre existence, personne n’y échappe, il ouvre le questionnement et la réflexion, car il admet que l’on puisse se tromper ou être trompé, il permet de s’écarter des préjugés, grâce à lui on gagne en autonomie en matière de jugement, donc en connaissance. Chaque doute est un palier de sagesse, trop de certitudes au contraire peuvent devenir destructrices. Considérer le doute et la certitude comme des antagonismes serait trop simpliste, ce sont plutôt des dispositions complémentaires. Leur association est utile et vertueuse. Il y a des circonstances où l’on aurait besoin de certitudes, et d’autres où il faudrait les rejeter pour les refonder grâce au doute.
Avoir des certitudes est utile et bénéfique, c’est une aide nécessaire à la régulation de notre mental, mais encore faut-il les discuter, les mettre en perspective ne pas les tenir pour des vérités indiscutables grâce au doute. Douter ne signifie rien d’autre que de rester vigilant, pour Descartes il faut prendre le risque du doute, premier outil pour arriver à la vérité et à la certitude.
Le doute peut être stimulant tout autant qu’angoissant puisqu’il ouvre des questionnements dont on ne connaît pas la réponse, mais il permet d’avancer, de sortir de la confusion et de la perplexité.
Dans la recherche du sens de son existence, l’homme dont la vie est une vie engagée ne peut se passer ni du doute ni de la certitude. On dit que les gens intelligents se permettent le doute, les prétentieux veulent la certitude, le luxe du doute mène à la tolérance, l’illusion de la certitude mène au fanatisme.
Je laisse la conclusion de ce billet à Pierre Desproges : « la seule certitude que j’ai c’est que je doute ».
L’invitée du dimanche