Ahed Tamimi
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 22 mars 2018 10:22
- Écrit par Claude Séné
Si ce nom ne vous dit rien, c’est probablement que vous êtes passé à côté d’un évènement qui a beaucoup frappé au Proche-Orient en son temps, ou que vous ne vous en souvenez pas. C’est un peu mon cas. J’avais bien vu passer cette information selon laquelle une adolescente palestinienne avait giflé un soldat israélien en décembre dernier et j’avoue que depuis j’avais un peu oublié cette affaire. Elle remonte à la surface ces jours-ci parce que le procès de cette jeune fille vient de se tenir et qu’elle a été condamnée à 8 mois de prison par un tribunal militaire.
Comme souvent désormais, la scène mettant aux prises la jeune fille de 16 ans ainsi que sa cousine aux soldats, a été filmée et a fait le tour des réseaux sociaux. Ce qui en a fait un symbole saisissant, c’est que Ahed n’est pas brune et ne porte pas le voile islamique. C’est au contraire une jeune fille blonde aux yeux clairs et aux longs cheveux bouclés, qui pourrait tout à fait passer pour une Israélienne pur sucre, ou une Européenne nordique, tout l’inverse du cliché de la Palestinienne activiste, qu’elle est cependant. Ahed n’a connu que l’occupation israélienne. Sa famille a participé à la résistance contre la colonisation abusive de la Palestine et son père a été arrêté plusieurs fois pour avoir manifesté contre l’occupant. Ahed s’est déjà illustrée en 2012 alors qu’elle n’avait que 12 ans en menaçant du poing un soldat devant ses collègues hilares. La photo lui vaudra d’être reçue par le président turc Erdogan qui lui remettra le prix Handala du courage.
Il est clair que la jeune fille fait tout ce qu’elle peut pour provoquer l’armée israélienne et cherche à obtenir le statut de victime pour faire progresser sa cause. Le pouvoir politique, et en particulier le Premier ministre Netanyahou, a probablement eu tort de répondre à la provocation par une répression qui parait disproportionnée. Pour nous, Français, il parait étonnant de faire juger une civile, mineure de surcroît, par un tribunal militaire, nous qui aimons à répéter que la justice militaire est à la justice ce que la musique militaire est à la musique. De plus, la peine de 8 mois a été négociée dans une procédure de « plaider coupable » et ne reflète en rien une sanction qui pourrait être considérée comme équitable. Après le symbole de la « frêle jeune fille » défiant le soldat lourdement armé, celui de la justice d’état contre le simple citoyen, reprenant le mythe de David et de Goliath, mais inversé, n’est pas de nature à redorer l’image du gouvernement israélien, conforté dans son aveuglement par le président américain.