L’homme, ce méconnu
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 21 février 2018 10:48
- Écrit par Claude Séné
Cet homme, c’est la providence des chroniqueurs, celui qui nous a gratifiés pendant 5 ans de ses fredaines et calembredaines, jamais à court d’un jeu de mots involontaire, dont le départ au profit d’un président normal nous avait laissés orphelins, et dont nous espérions tous le retour, à l’exception des 66 millions de Français, échaudés par un quinquennat catastrophique. Cet homme, nous pensions le connaître, alors qu’il cultivait son jardin secret, et que sous la rosette de la Légion d’honneur battait aussi un cœur.
À présent qu’il est officiellement en retrait, sinon en retraite, l’ancien président Sarkozy peut enfin laisser libre cours à sa véritable personnalité, à la fois cultivée et chaleureuse, dont il a été forcé de nous priver pour exercer les dures réalités du pouvoir, à son corps défendant. Commençons par la face cachée la plus connue du personnage : le spécialiste du football. Maintenant qu’il a un peu de temps, Sarkozy a pu s’adonner à sa véritable passion en animant la 2000e édition de l’émission « l’équipe du soir ». Il y a démontré en toute modestie sa connaissance exhaustive du ballon rond, faisant discrètement étalage de sa science de la tactique et de la technique footballistique. C’est bien simple, on aurait dit un entretien d’embauche pour devenir sélectionneur de l’équipe de France. Un poste un peu antinomique avec son autre passion, celle de la littérature et des grands auteurs, qu’il s’est appliqué jusqu’ici à nous cacher maladroitement, en écorchant volontairement certains noms ou en faisant semblant de dénigrer un grand ouvrage comme la Princesse de Clèves. Il a remis les pendules à leur place, comme aurait dit le regretté Johnny, lui aussi amoureux caché des belles lettres, au cours de l’émission « Livres et vous » sur Public Sénat. Un peu gêné quand même d’étaler à ce point l’étendue de son érudition, il s’est appliqué à émailler ses fiches apprises par cœur de : « je crois », « si ma mémoire est bonne », « sauf erreur de ma part », pour ne pas écraser l’intervieweur sous le poids de sa culture encyclopédique.
Je redeviens sérieux une seconde. Nicolas Sarkozy fait partie de ces personnes dont je ne saurais dénoncer la mauvaise foi, tant leur nature profonde transparait à leur insu, précisément quand ils prétendent s’exprimer avec franchise. Tant et si bien que lorsqu’il a fait état publiquement de son engagement en faveur de la lutte contre les cancers des enfants, il n’a pas pu s’empêcher de préciser que c’était sans arrière-pensées politiques, ce qui a suffi à décrédibiliser son image, alors qu’il était probablement et pour une fois sincère. Iznogoud, un jour, Iznogoud toujours.
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