Les gaîtés de l’escadron
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 17 février 2018 10:54
- Écrit par Claude Séné
Ah ! les gaîtés de l’escadron et leur parfum légèrement suranné de nostalgie d’un passé apparemment révolu ! Alors que le président Chirac, qui avait fait, lui, son service militaire, suspendait la conscription en 1997, le président Macron, qui n’a pas eu à satisfaire à des obligations militaires, a décidé de remettre à l’ordre du jour un service national universel et obligatoire, conformément à ses engagements de campagne, quoi qu’il dût en coûter à la collectivité nationale et au budget de l’état.
Car c’est une petite plaisanterie dont la facture devrait s’élever aux alentours de 3 milliards d’euros, sans que l’on sache encore comment elle sera financée. Au moment où la mode est aux restrictions budgétaires et à la réduction du train de vie de l’état, quand on cherche à décourager un maximum de fonctionnaires pour gratter quelques sous sur leurs rémunérations, que l’on veut abolir les régimes spéciaux de retraite, trop coûteux, où l’on a déjà promis des rallonges au budget des armées à concurrence de 2 % du PIB, annoncer des dépenses improductives pour un bénéfice moral plus que douteux, relève, au choix, d’une totale inconscience, ou d’un caprice monarchique. À moins que ce ne soit les deux. Sans compter qu’il est exclu de lever le moindre impôt nouveau, puisque c’est là un engagement présidentiel que le gouvernement est tenu de respecter. Bon ! on pourra toujours jouer sur les mots : une taxe ou une contribution, volontaire ou non, est-elle un impôt ? Quand la terminale s’appellera classe de maturation afin de passer un bac bleu et non plus blanc, on voit bien que l’imagination, 50 ans après mai 68, est enfin au pouvoir.
Oui, mais, pouvoir retrouver ses copains de régiment, ça n’a pas de prix. Pouvoir se raconter les bons souvenirs où l’on rivalisait d’ingéniosité pour occuper les longues heures d’inactivité, où l’oisiveté était érigée au rang de sport national, où il fallait se lever aux aurores pour avoir tout le temps nécessaire à ne rien faire, avec pour seul exutoire à l’ennui, la consommation excessive de cigarettes bon marché et de bières à tarif préférentiel. Énorme supériorité du service universel à venir : les femmes pourront enfin accéder à cette expérience inoubliable qui leur permettra de rentrer à pas d’heure dans un état d’ébriété avancé en justifiant leur écart de conduite auprès de leur conjoint par la rencontre inopinée d’une copine de l’armée. Avouez que cela serait dommage de s’en priver ! Qui a dit que j’étais jaloux des générations futures qui auront la chance de vivre une aventure qui m’a été refusée, malgré mon insistance à bénéficier d’une instruction militaire de bon aloi ? Vous voyez vraiment le mal partout !
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