RCC contre PDV à PSA ?

Vous n’avez rien compris ? C’est normal, c’est fait pour. Je traduis. Le groupe PSA, comprenez Peugeot Société Anonyme, voudrait se délester d’un certain nombre de collaborateurs, sans que ça lui coûte une fortune, afin de rémunérer encore plus grassement ses actionnaires et accessoirement ses dirigeants. Non que l’entreprise se porte mal, bien au contraire. En 2016, PSA a vendu 3 millions et des poussières de véhicules dans le monde, record absolu de la marque et l’année 2017 sera également excellente. Dans la même période, le chiffre d’affaires diminuait légèrement, mais le profit doublait presque en s’élevant à 1 730 milliards d’Euros.

C’est donc le moment idéal pour pousser vers la sortie la dernière variable d’ajustement sur laquelle on peut jouer pour gratter encore quelques dividendes : la main d’œuvre. Impossible d’invoquer la crise économique qui sert souvent de prétexte aux dégraissages sauvages au travers de PSE, plans sociaux d’entreprise, quand la boite affiche une telle bonne santé insolente. Le groupe aurait donc dû se rabattre sur un plan de départs volontaires, un PDV, qui était dans les tuyaux depuis un moment, jusqu’à la divine surprise de l’élection d’Emmanuel Macron et sa réforme du Code du travail qui prend effet dès maintenant. Et grâce à lui, c’est open-bar, happy hours toute la journée et licenciements déguisés, indemnités en moins. Voici en effet le temps des RCC, les ruptures conventionnelles collectives. On pouvait déjà négocier avec un salarié pour le persuader de démissionner, moyennant un petit avantage et le maintien de ses allocations de chômage, il est désormais possible de généraliser le procédé à tout un ensemble de ses employés. La loi a cependant fixé quelques garde-fous, dont l’efficacité va être mise à l’épreuve.

Le volontariat des salariés, requis pour le départ, est tout relatif, quand on sait que PSA peut négocier des indemnités tout en y gagnant encore de l’argent par rapport à des licenciements contraints. Et surtout, le pouvoir des syndicats de bloquer ce plan n’est évidemment qu’un écran de fumée. Nous savons d’ores et déjà que la CFDT, la CFE-CGC, la CFTC et SIA-GSEA, favorables à la réforme du Code du travail, se sont aliéné le pouvoir de s’opposer à ce plan. Quand à FO, son dirigeant plus ou moins désavoué par sa base ne trompera personne en se déclarant « vigilant ». Il ne restera que la CGT pour s’opposer aux visées de la direction, personnifiée par son PDG, Carlos Tavares, qui devrait pouvoir demander l’augmentation de sa rémunération dont la part fixe est dérisoire avec 1 300 000 euros annuels, mais compensée par une part variable de plusieurs millions, soumise à une obligation de résultat. CQFD.

Commentaires  

#1 poucette 29-12-2017 11:08
on ne peut pas reprocher à Macron de ne pas tenir parole....et il tire plus vite que son ombre.j'ai bien peut qu'il aille
aussi vite qu'il va loin et plus vite que la mobilisation pour l'arrêter. 2018 ne sera pas marquée d'une pierre blanche.
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