Courage, fuitons !

On se demande souvent comment le Canard enchaîné est aussi bien informé. Comme il est d’usage, le journal satirique protège jalousement ses sources, afin de ne pas tuer la poule aux œufs d’or. Dans la dernière publication qui concerne les projets gouvernementaux pour organiser la chasse aux chômeurs il n’est pas nécessaire de mener une enquête approfondie. Les informations publiées par le Canard sont de première main, puisqu’il s’agit d’une note confidentielle du directeur de cabinet de la ministre du Travail. La question est de savoir si cette fuite est volontaire, et la réponse est évidemment affirmative.

La méthode n’est pas nouvelle, mais elle est devenue systématique. Il s’agit naturellement de tester en vraie grandeur les réactions à une mesure potentiellement délicate, voire impopulaire. La ministre s’est empressée de déclarer que rien n’était décidé à ce stade, pour ménager les susceptibilités, tandis que le Président lui-même essayait de déminer le terrain en banalisant les procédures envisagées. Démentis, propos rassurants, tout est bon pour faire miroiter la carotte et cacher plus ou moins le bâton. Car, d’une façon ou d’une autre, l’équation est simplissime. Pour indemniser de nouveaux ayants droit, sans augmenter les recettes, il va bien falloir que quelqu’un paye. Si ce n’est pas le contribuable, ce seront les chômeurs eux-mêmes. Non seulement l’entourloupe annoncée permettra de faire des économies, mais elle contribuera également à dégonfler les statistiques en rayant des listes les « profiteurs » du système qui se complaisent dans l’oisiveté et vivent aux crochets des bons citoyens. En prime, on dresse les catégories sociales les unes contre les autres, chacun voyant les avantages acquis du voisin comme des privilèges insupportables.

On ne sera pas étonné que le MEDEF applaudisse des quatre mains le texte confidentiel prévoyant la suppression des indemnités aux chômeurs trop peu zélés à son goût, ou trop attachés à des conditions décentes de travail et de rémunération, puisqu’il émane d’un de ses anciens dirigeants. Macron ne se contente pas d’être le président des riches, il veut aussi être le président des patrons. Bien qu’il se défende de surveiller les courbes du chômage au mois le mois, il se félicite à demi-mot de la très légère baisse du mois de novembre et espère une nette amélioration au trimestre prochain. S’il s’est bien gardé de lier son sort à cet indicateur, comme son prédécesseur, mal inspiré sur ce coup-là comme dans d’autres, il fait tout pour valoriser son action dans ce domaine. L’apparente embellie de la fin d’année pourrait cependant n’être qu’un trompe-l’œil : la baisse de la catégorie A, ceux qui n’ont eu aucun emploi, étant plus que compensée par la hausse de ceux qui ont un emploi très précaire.

Commentaires  

#1 jacotte 86 28-12-2017 11:16
c'est la mode des "nouveaux illusionnistes" tous plus talentueux les uns que les autres,je propose à notre président de rejoindre leur rang il ne fera pas tache et il pourra peut(être se convertir quand il aura fini son contrat de 5 ans , avant même si il le veut!!
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