Tourisme
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 26 décembre 2017 10:51
- Écrit par Claude Séné
Je l’admets, mes connaissances géographiques et politiques sur les pays d’Amérique centrale sont assez limitées. Aussi, quand j’ai appris que le Guatemala avait décidé de reconnaitre officiellement Jérusalem comme capitale de l’État d’Israël et d’y transférer son ambassade, je me suis empressé d’aller à la pêche aux informations qui expliqueraient cette décision. Le président guatémaltèque, Jimmy Morales, a indiqué que son pays avait d’excellentes relations avec l’État d’Israël depuis sa création, mais je pense qu’il en a surtout, et de très étroites, avec les États-Unis, qui ont été les premiers et jusqu’alors les seuls, à prendre cette décision polémique et unilatérale qui ferme la porte à une solution négociée.
On sait que le vote juif est un enjeu important aux USA, même s’il n’est pas décisif, et l’on comprend les motivations de Donald Trump à vouloir s’attirer les bonnes grâces de ce lobby lié à l’État d’Israël. L’argument ne vaut pas pour le Guatemala. Un institut français qui a recensé la diaspora dans le monde y évalue à 900 personnes la communauté juive sur une population de plus de 14 millions d’habitants, et son influence est négligeable. En revanche, le Guatemala fait partie historiquement de ce que l’on a appelé les républiques bananières, et les États-Unis sont restés jusqu’à nos jours les premiers clients du Guatemala, dont l’économie est dépendante à plus d’un tiers pour les importations et plus de 40 % pour les exportations, principalement le café, le sucre, et les fameuses bananes. L’influence des Américains s’est exercée au travers des activités de la Fruit United, largement noyautée par la CIA, qui a fait et défait les régimes en Amérique centrale depuis des décennies. Le résultat le plus évident de cette tutelle : un pays gangrené par la corruption, dont plus de 80 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté.
Voilà pour le décor. Passons maintenant à l’activisme de l’administration Trump. Non seulement le président américain a pris position personnellement en faveur d’Israël, mais il entend mettre tout le poids de son pays pour entraîner un maximum de ses alliés à faire de même. Ainsi, à l’occasion du débat sur une résolution de l’ONU condamnant son initiative, il a clairement conditionné l’aide financière des États-Unis à un vote en sa faveur, menaçant au passage de couper encore plus les vivres à l’institution des Nations unies, si elle avait l’outrecuidance de s’opposer à ses volontés. Il a ainsi pu convaincre, en plus du Guatemala, le Honduras, le Togo, les iles Marshall, la Micronésie, Nauru et les Palaos de voter contre la résolution. De bien beaux voyages virtuels en perspective pour votre serviteur s’ils franchissaient le pas supplémentaire qui consisterait à déménager leur ambassade à Jérusalem.