Agenda

On connait l’expression « courrier de ministre » pour désigner la masse de questions qui se posent à ces grands commis de l’état, mais il faut y joindre un corollaire au moins aussi épineux à résoudre, celui de l’agenda, de l’emploi du temps. On a vu récemment le casse-tête du retour de Nouméa du Premier ministre pour lequel il a fallu improviser la location d’un coûteux avion privé pour qu’il arrive en temps et en heure pour un conseil de défense. Oui, c’est cher, a « assumé » Édouard Philippe en levant intérieurement un doigt d’honneur aux Français.

Et voilà que c’est Nicolas Hulot qui n’a pas trouvé le temps de se rendre à la séance de clôture des états généraux de l’alimentation, hier. À sa décharge, cela ne faisait que 6 mois que les travaux se déroulaient et que la date de ce grand rendez-vous avait été fixée. Un peu court comme délai, vous en conviendrez, pour un ministre aussi occupé. Et cela d’autant plus que le populaire défenseur de l’écologie se serait découvert récemment la nécessité de se ménager des créneaux de piscine, évidemment prioritaires sur tout autre engagement, comme vous le savez sûrement si vous fréquentez ces équipements surbookés. Accessoirement, Nicolas Hulot aurait également constaté que les « conclusions » des travaux n’étaient pas « conclusives », ce qui est évidemment fâcheux quand il s’agit de conclure. Il a donc sagement décidé de surseoir et d’attendre que des mesures concrètes soient envisagées pour se prononcer sur leur pertinence.

Pour l’instant, l’alimentation du ministre de la Transition écologique et solidaire a consisté essentiellement en chapeaux et couleuvres plutôt indigestes et l’on comprend qu’il ait voulu faire une diète voire un jeûne avant de frôler l’écœurement. D’autant plus qu’au fond rien ne presse. Un texte de loi sera bien présenté au cours du premier semestre 2018, mais selon la méthode désormais bien éprouvée des ordonnances, autant dire, sans débats. Débats sur quoi d’ailleurs ? L’objectif de développer le bio ? De limiter les produits phytosanitaires ? Si c’est sans contrainte, tout le monde sera d’accord. L’interdiction de vendre à perte, sauf promotions saisonnières limitées ? Voilà qui ne devrait pas coûter un sou à la grande distribution sans garantir pour autant une rémunération convenable des producteurs. Le porte-monnaie du consommateur servira de variable d’ajustement. Je passe sur quelques mesures cosmétiques et de belles déclarations d’intention, propres à rassurer le public sans mécontenter la FNSEA et les grandes surfaces, et nous aurons une magnifique souris fraîchement accouchée de la montagne de ces travaux pharaoniques. Depuis que l’on a inventé la formule de « Grenelle » de ceci ou de cela, on passe son temps à organiser de grands raouts dont l’efficacité reste à démontrer et dont je n’ose même pas envisager le bilan carbone. Rien de neuf sous le soleil, donc.