Filons la métaphore

Les journaux n’en finissent pas de parler du mariage annoncé de l'allemand Siemens et du français Alstom. Plus précisément et pour commencer, ils ont annoncé la publication des bans sous la forme de la décision des deux conseils d'administration de chaque côté du Rhin de procéder à un rapprochement. Reste la question de la dot. En principe, c'est à la mariée que revient le douteux privilège de fournir le viatique qui permettra au couple de démarrer dans le long fleuve tranquille de félicité qui est censé les attendre.

Et c'est là le premier souci, car, comme les anges, les entreprises n'ont pas de sexe, même si ce sont généralement des hommes qui les dirigent. Une petite observation devrait toutefois nous mettre sur la voie. Après les noces, Siemens détiendra la moitié plus une des actions du nouveau groupe. On peut donc en déduire que c'est l'Allemagne qui portera la culotte, et par voie de conséquence le groupe français devrait fournir le trousseau et le nécessaire aux besoins du ménage. C'est d'ailleurs bien ce que l'on a cru comprendre. La France devrait déposer dans la corbeille de la mariée ce que de nombreux opposants à cette union appellent un de nos plus beaux fleurons industriels. Comme toujours on espère que si le mariage engagé les époux pour le meilleur et pour le pire, ce dernier nous sera épargné.
Cependant ce n'est pas gagné, car on se souvient des difficultés qui ont déjà amené l'état français à engager un plan de redressement ou même des sauvetage d'une filiale du groupe il n'y a pas si longtemps. Au point que l'on est en droit de se demander si ce mariage ne serait pas un mariage forcé, et que la France ne serait pas bien contente de caser sa filleule malencontreusement engrossée en lui trouvant un époux disposé à endosser cette paternité encombrante. Malheureusement, tout a un prix en ce bas monde, et je serais pas étonné que le groupe français paye cher cette position d'infériorité au moment de réaliser les économies d'échelle attendues dans ce type de rapprochement. Pourvu que Siemens ne finisse pas par nous faire un enfant dans le dos !