C’est pas la rue qui fait la loi…

… C’est la loi qui pousse à la rue ! Tatatin ! Air connu, à chanter sur la musique de Renaud, « Dès que le vent soufflera », dans les cortèges de protestation contre les ordonnances scélérates réformant le droit du travail. Emmanuel Macron n’attend même pas de connaître l’ampleur de la nouvelle mobilisation populaire pour disqualifier à l’avance le mouvement de résistance contre les attaques tous azimuts qui vont frapper les salariés, les retraités, les chômeurs, les étudiants, les fonctionnaires, les précaires et j’en passe.

J’observe d’ailleurs que le président semble avoir inversé également les principes républicains, comme il veut inverser la hiérarchie des normes dans le Code du travail. Jusqu’ici, les dirigeants s’abstenaient de commenter la politique intérieure française quand ils se trouvaient à l’étranger. Macron, qui veut surtout ne rien faire comme tout le monde semble attendre de se trouver en déplacement pour donner son opinion. Un peu comme ces vieux couples qui profitent de la présence de tiers pour se disputer tout à loisir. Sauf que la lune de miel entre le président et les Français n’aura que très peu duré. Il se permet cependant de critiquer les médias français auprès d’un concurrent étranger, les accusant de « narcissisme », ce qui, dans sa bouche, ne manque pas de sel. Mr Macron dit croire en la démocratie, mais pas n’importe laquelle. Celle qui consiste à obtenir un chèque en blanc pour les 5 années à venir, et plus si affinités. Car enfin, s’il est exact qu’il avait évoqué la méthode des ordonnances, personne n’en connaissait le contenu exact, et la « concertation » avec les syndicats n’a abouti qu’à des modifications mineures du texte. Jusqu’à la ministre du Travail qui s’est trompée en annonçant une augmentation des indemnités légales pour tous les licenciés alors qu’elle ne concernera que les 10 premières années, c’est dire.

En gros, Mr Macron soutient que maintenant qu’il est élu, il fait ce qu’il veut, sans se préoccuper de l’opinion des Français, même s’ils descendent dans la rue pour manifester leur mécontentement. Il prétend même ne pas se soucier de la dégringolade de sa cote de popularité, ce qui me semble quand même problématique pour un défenseur de la démocratie. Ce sont bien les Français qui l’ont amené au poste qu’il occupe. Sans eux, il ne représente que lui-même, c’est-à-dire bien peu. Il pourrait d’ailleurs méditer sur le sort de Matteo Renzi, éphémère dirigeant italien, qui devait tout emporter sur son passage et proposait des recettes libérales très comparables aux siennes. Il pourrait bien quelque jour aller le rejoindre dans les oubliettes de l’histoire.