Équilibriste

Cette fois, ça y est. On connait vraiment le contenu des fameuses ordonnances portant sur la réforme du Code du travail et l’on n’est pas déçu. Ou alors, si l’on fait partie des grands gagnants de l’opération, on est « déçu en bien » selon une formule véridique que j’ai entendue de mes propres yeux. De toute évidence, le texte est là pour favoriser le patronat et le délivrer le plus possible des contraintes et des empêcheurs de licencier en rond, mais il ne faut surtout pas le dire trop fort.

Et encore moins s’en féliciter. Tout se passe comme si le président avait passé un deal avec le MEDEF selon lequel on lui donnerait ce qu’il voulait à condition qu’il évite de s’en réjouir publiquement. Et l’on voit en effet Mr Gattaz avoir le triomphe modeste et faire profil plutôt bas dans les médias. À peine un sourire gourmand vient témoigner de sa satisfaction de voir la plupart de ses demandes satisfaites. Si c’est un marché, je serais surpris que le gouvernement en recueille le moindre bénéfice sur le plan de l’emploi, qui est supposé repartir grâce au texte. Car le problème, avec les défenseurs de l’argent-roi, c’est qu’ils n’en auront jamais assez, car leur avidité n’a pas plus de limites que de frontières, et qu’ils n’ont même pas la reconnaissance du ventre. Ils n’hésiteront d’ailleurs pas à mordre la main qui les a nourris si d’aventure un autre démagogue leur promet davantage que celui-ci.

Autre son de cloche naturellement chez les syndicats, premiers visés par les ordonnances, et dont l’influence déclinante est jugée encore trop importante par ceux qui nous gouvernent. À commencer par Laurent Berger, de la CFDT, qui a clairement admis que son soutien à la loi El-Khomri ne lui avait rien rapporté et qu’il était le plus grand cocu de toute cette histoire. Il était tellement colère que j’ai bien cru qu’il allait annoncer une manifestation ou pire encore une grève. D’autant plus que sa place lui a été soufflée par FO, qui revient à ses stratégies d’antan de collaboration avec le pouvoir après une passade dans le sillage de la CGT. Alors Jean-Claude Mailly reprend l’air connu du « ça aurait pu être pire » et du « heureusement que j’étais là », qui justifie toutes les compromissions. Quant à la CGT, il suffisait de regarder la moustache de Martinez pour voir qu’elle tombait autant que celle du tennisman Ion Tiriac, et qu’il ne se faisait guère d’illusion sur la mobilisation populaire, à laquelle il appelle cependant. Alors Macron a-t-il réussi son exercice d’équilibriste ? Pas sûr. Les Français, tels la mule du Pape, pourraient se venger un jour ou l’autre.

Commentaires  

#1 jacotte 86 01-09-2017 11:02
on a là un exercice de la langue de bois exemplaire...impossible de savoir chiffres en mains le nombre d'emplois qui sera créer grâce au nouveau code, la ministre du travail pourrait se recycler ministre des sports tellement elle sait bien botter en touche, en attendant le jour où on l'y mettra!
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