Bonjour tristesse
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 23 juillet 2017 10:01
- Écrit par L'invitée du dimanche
Après le rire, les pleurs…
La tristesse est une émotion négative à première vue, mal perçue, mal vécue, souvent cachée, associée à la morosité et au chagrin, si bien décrite par Sagan « sur ce sentiment inconnu dont l’ennui, la douceur m’obsèdent, j’hésite à apposer… le beau nom grave de tristesse »
C’est un mal languissant, pesant, car « il diminue notre puissance d’agir » écrit Spinoza. C’est une émotion ressentie à la suite de la perte d’un objet, d’une relation, d’une personne, elle révèle un manque, je suis privée de quelque chose. On est en déficit sur le plan émotif, elle provoque un repli sur soi souvent protecteur. Marque d’une certaine vulnérabilité elle peut se transformer en colère contre la cause du manque, c’est un signe que le besoin est toujours en souffrance. Il est fort utile de la laisser s’exprimer, beaucoup de moyens sont à notre disposition à commencer par les larmes salvatrices, puis les mots, le jeu, l’écriture, la peinture. Toute forme d’action permettant de l’évacuer, mais aussi de l’accepter pour mieux la nommer afin de combler le manque, évitant de perdre de plus en plus d’énergie et d’avoir de moins en moins de satisfactions et de maîtrise de soi.
Si on accepte de s’interroger sur ce manque qui nous blesse et provoque une expérience de frustration, elle permet d’avoir accès à un peu plus de lucidité sur soi, par un processus d’introspection on peut entamer une étape régénératrice d’acceptation et de l’évolution par la prise de conscience. De négative, c’est une émotion qui devient positive.
En psychothérapie, il est fréquent que l’on amène le sujet à assumer voire à développer sa capacité d’être triste, car c’est une expérience qui peut être bénéfique, verser des larmes est un progrès, elles ouvrent la porte aux blessures actuelles ou anciennes, l’analyse de ces dernières permet d’avancer vers un peu plus de liberté émotionnelle et de maîtrise de soi.
Il y a des degrés dans la tristesse, qui reste une émotion, elle peut toujours être surmontée avec le temps, mais une tristesse profonde qui s’installe dans la durée mène souvent vers le chemin de la dépression qui, elle, est une maladie. On peut aussi la refouler, la nier, devenir incapable d’être triste, alors le sujet coupé de ses expériences affectives développe un comportement névrotique pathologique.
Elle a souvent été décrite en littérature et en poésie par les romantiques et les symbolistes, qui l’appelaient mélancolie ou spleen, représentant alors une profonde tristesse née du mal de vivre pouvant mener au désespoir.
Comme toutes les émotions de base, c’est une émotion universelle indispensable à ressentir pour mieux nous connaître et nous aider à appréhender la vie : « la confirmation de la tristesse est une consolation » Marguerite Duras.
L’invitée du dimanche