La preuve par l’absurde
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le samedi 22 juillet 2017 10:47
- Écrit par Claude Séné
Les réunions de concertation entre gouvernement et syndicats au sujet de la réforme du Code du travail se sont terminées hier. Ce marathon de 48 réunions commencées le 12 juin était supposé permettre un rapprochement des positions des uns et des autres pour aboutir à un texte « équilibré », qui est la traduction moderne d’un compromis où l’une des parties obtient à peu près tout ce qu’elle souhaite en concédant quelques miettes au plus faible. Cette série de discussions est tout sauf une négociation, et c’est bien le but recherché.
Il s’agissait de pouvoir dire que les salariés avaient eu voix au chapitre, même si leurs intérêts ont été largement bafoués. La méthode utilisée a d’ailleurs été largement à l’image du contenu de la future loi. Chaque organisation syndicale a été reçue séparément, officiellement pour avoir plus de temps de parole et pour éviter la surenchère. En pratique, cela s’appelle diviser pour régner, une tactique aussi vieille que Jules César lui-même. Cette méthode préfigure le dialogue social tel qu’il est voulu par la majorité actuelle, qui profite aussi de sa position dominante pour écraser le débat parlementaire et refuser le moindre amendement sur une quelconque virgule de la future loi. Et ça marche ! (C’est le cas ou jamais de le dire). C’est avec un certain enthousiasme qu’un journaliste de France 3, Hervé Godechot pour le citer, a pu tirer un bilan extrêmement positif de ces réunions puisque tous les sujets ont été abordés et que le gouvernement a même pu faire passer des points qui n’étaient pas dans le projet initial, tels que le compte « prévoyance » qui remplace le compte pénibilité, ou le CDI projet qui généralise la précarité des salariés. Bref, tout le monde devrait être content, à part la CGT, que le journaliste tient visiblement pour quantité négligeable. C’est curieux, j’ai eu l’impression d’être revenu au temps de l’ORTF, quand le journal télévisé se fabriquait au ministère de l’Information avec des serviteurs zélés comme « Michel Droit comme un Z » selon la formule du Canard.
Et l’on appelle ça la démocratie, puisque le peuple souverain a tranché et qu’il a envoyé à l’Assemblée nationale des représentants disciplinés, dont certains sont juste bons à ânonner le bréviaire gouvernemental pour répondre aux questions simples d’un François Ruffin, dubitatif sur les progrès engendrés par la future loi sur le travail. Je sens qu’il va être long, très long, ce quinquennat qui ne fait que commencer, avec un président qui dévoile progressivement sa vraie nature et des Français qui tardent encore à se dessiller les yeux, tels des chatons venant à peine de naître et encore pleins d’illusions.