Que la joie soit avec nous...
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le dimanche 16 juillet 2017 10:35
- Écrit par L'invitée du dimanche
On l’a bien mérité pour sortir de notre peur de la semaine dernière. La joie est une émotion qui dégage un sentiment de satisfaction plus ou moins durable qui affecte l’être entier quand ses ambitions, ses rêves, ses désirs sont satisfaits.
Les philosophes antiques s’en méfiaient, la considérant comme une perte de contrôle de soi à la frontière de la folie ou la jugeaient trop bruyante, trop physique. La religion récupère le concept et définit la joie comme une quête du salut de l’homme dans sa croyance que Dieu est toujours là, qu’il en est aimé, attendu. Les philosophes, qui la réhabilitent comme un caractère essentiel à la vie, en ont une tout autre approche.
Spinoza définit la joie comme synonyme d’existence, l’homme n’est vraiment homme que dans la joie, au contraire des passions qui rendent esclaves, la joie réside dans l’action éclairée par la connaissance. Plus nous nous connaissons, plus nous nous comprenons, plus la joie grandit en nous et plus nous devenons meilleurs et plus forts. La joie est une vertu qui appelle au dépassement des habitudes et des normes, elle est l’expression de l’homme avide de liberté.
Une grande partie de l’œuvre de Nietzsche est un appel vibrant à l’enthousiasme et à la joie. Il veut convaincre de ne pas se laisser dominer par la crainte du civisme. La joie est un combat, car l’existence est un tragique conflit permanent entre des forces qui s’opposent. Elle peut devenir excessive jusqu’à se modérer par l’acceptation des situations difficiles, par la volonté.
Bergson est le philosophe de la joie qui est la preuve que la vie remporte une victoire, la joie est plus profonde et plus durable que le plaisir, elle déclenche le sentiment d’être en phase avec soi-même. Elle véhicule une dimension spirituelle universelle que ne donne pas le plaisir.
Robert Misrahi, spécialiste de Spinoza, développe une philosophie du bonheur par la joie. On peut toujours la choisir, la préférer au malheur, on peut apprendre à la cultiver en en gardant le souvenir et en n’oubliant pas que nous sommes libres. Plus difficile à ressentir que les plaisirs, « nous pourrions appeler bonheur l’essentiel d’une vie parcourue par le plus grand nombre possible de joies », elle exige un effort, c’est un acte créateur altruiste, bien différent du plaisir, on la ressent quand on a conscience d’avoir créé physiquement ou moralement une situation porteuse de progrès, une idée qui a fait changer le cours des choses.
Notre époque nous apporte peu d’occasions d’éprouver cette émotion pourtant à notre portée, c’est à chacun de nous de créer les situations d’innovation, de partage qui nous permettent de la ressentir pour connaître la joie de vivre. Elle peut trouver sa source dans la vie citoyenne et politique, n’oublions pas que l’Union européenne, image même de cette idée de création et de partage et qui devrait donc inspirer une joie auprès des peuples qui la composent, a choisi pour hymne, la célèbre « ode à la joie » de Beethoven, symbole d’un idéal de fraternité, de liberté et de solidarité.
L’invitée du dimanche