Tout et son contraire
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mercredi 12 juillet 2017 09:38
- Écrit par Claude Séné
Plus tu pédales moins vite, et moins tu pédales plus vite. Le sommet de l’état vient de nous offrir une magnifique démonstration de rétropédalage, comme nous en avions pris l’habitude avec ses prédécesseurs. Autrefois, on aurait appelé ça un couac ou une cacophonie, mais puisque tout a changé, nous dirons, comme la presse, que le président démontre une remarquable célérité pour modifier les annonces en fonction des retombées attendues ou déjà présentes des mesures envisagées. C’est aussi ce qu’on appelle naviguer à vue, bien que cela ne protège pas forcément de tous les récifs et écueils sous-marins.
Le terrain avait d’ailleurs été soigneusement préparé par le futur président qui s’était bien gardé pendant la majeure partie de la campagne de prendre des engagements trop précis, datés et chiffrés. La petite pantomime du rapport de la Cour des comptes annonçant un déficit budgétaire, véritable secret de Polichinelle présenté comme une surprise dans le seul but de justifier le report de certaines mesures, a été soigneusement orchestrée. Ce qui n’a pas empêché le Premier ministre d’être contredit par son président sur la suppression de la taxe d’habitation, mesure phare du dispositif, censée compenser les pertes de pouvoir d’achat liées à l’augmentation de la CSG. Il serait vain de chercher à identifier les mesures qui vont être maintenues et celles qui seront reportées ou supprimées. Il est probable qu’Emmanuel Macron l’ignore lui-même. Ce qui est apparemment arrêté, ce sont des objectifs généraux, tels que le passage sous la barre fatidique des 3 % de déficit public, afin de montrer à Madame Merkel et à la Communauté européenne que la France est de retour dans le peloton des bons élèves.
Si vous cherchez qui va payer la note, ne vous faites aucune illusion. Le président a prévenu les ouvriers de GM & S, et l’avertissement vaut pour les autres : il n’est pas le père Noël. À vrai dire on s’en doutait un peu. Quand on entend que c’est l’état qui va faire une cure d’amaigrissement, il n’est pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que ce sont ses dotations qui vont diminuer, encore plus que sous les quinquennats précédents et que l’ardoise sera épongée au niveau local, par un transfert de compétences et de budget. Les collectivités locales sont d’ailleurs sans illusions sur la compensation à l’euro près de la taxe d’habitation dont seraient exonérés 80 % des contribuables. Elles s’attendent, à juste titre, à un effritement progressif de ces ressources, vitales pour elles. Quant à l’attelage qui préside à nos destinées, il me fait penser à un tandem bricolé où chacun pédalerait dans une direction opposée à celle de l’autre et s’étonnerait de ne guère avancer.