Fin de la pénibilité au travail
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 10 juillet 2017 09:37
- Écrit par Claude Séné
Vous en aviez rêvé ? Macron l’a fait. Alors que les partenaires sociaux s’échinent depuis des siècles à éradiquer la pénibilité du travail, avec cette fichue racine latine de tripalium qui évoque un instrument de torture, il a suffi de changer le nom d’une loi pour faire disparaitre complètement cette notion, au profit de l’évocation beaucoup plus douce de la prévention de ces inconvénients mineurs engendrés par l’activité roborative et épanouissante connue sous le nom de travail. Adieu au compte de pénibilité, place au compte professionnel de prévention.
Pour faire bonne mesure, le gouvernement va « simplifier » les calculs en excluant 4 critères sur les 10 que comptait la précédente législation. Pour ceux-là, on attendra que les salariés aient contracté une maladie professionnelle reconnue pour leur accorder une retraite anticipée, du moins pour les survivants. Cela n’étonnera personne si l’on ajoute que ce sont précisément ces critères dont le Médef demandait la suppression, au nom des difficultés d’application dans la mesure des préjudices subis. Il est certain que la nouvelle méthode sera plus expéditive. Jusqu’à la ministre du Travail qui adopte le vocabulaire patronal en dénonçant une usine à gaz. Pour tous les observateurs, le gouvernement donne des gages au patronat qui se félicite ouvertement d’avoir obtenu satisfaction. Tous, sauf Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, qui a pourtant défendu le compte pénibilité, supposé rééquilibrer quelque peu les pertes des avantages acquis par l’inversion de la hiérarchie des normes entre les branches et l’entreprise. Contre toute évidence, Laurent Berger veut considérer que 6 critères maintenus sur 10 sont encore une belle avancée pour les travailleurs. Il est visiblement prêt à toutes les concessions pour sauvegarder son partenariat avec le pouvoir et conserver, voire augmenter son influence, en se posant comme interlocuteur privilégié du gouvernement.
C’est bien le talon d’Achille de l’opposition à la nouvelle mouture de la loi Travail. Même si les salariés ont bien compris que toutes ces dispositions en préparation qu’on leur révèle au compte-goutte n’ont qu’un objectif, renforcer le pouvoir patronal en feignant de donner des droits supplémentaires théoriques aux travailleurs, le front syndical est disloqué, et chacun tente de tirer son épingle du jeu, au profit de sa formation plus que de ses mandants. Et au sommet, Jupiter se soucie peu du sort des soutiers qui font tourner la machine. Il vit dans une autre sphère où le travail est une activité enrichissante et rémunératrice, qu’on hésite à interrompre par des vacances dont le besoin ne se fait pas sentir, et que l’on quitte à regret quand l’âge nous y contraint. Une profession comme celle de banquier chez Rothschild, par exemple.
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