La République en miettes
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 3 juillet 2017 10:41
- Écrit par Claude Séné
Du haut de sa pyramide du Louvre, moins de 40 années d’existence du nouveau monarque républicain contemplent le champ de ruines de la vie politique française. En quelques mois, la droite et la gauche traditionnelles ont été atomisées, dispersées, éparpillées façon puzzle, et l’artisan de ce grand chambardement veut manifester son pouvoir absolu devant la représentation nationale réunie en Congrès à Versailles pour lui asséner sa bonne parole sans possibilité de répliquer. Pour être honnête, Emmanuel Macron n’a pas réussi ce tour de passe-passe tout seul. Il a été largement aidé par les comportements suicidaires de nombre de ses opposants.
Commençons par la déroute la plus flagrante. Après le départ logique de Manuel Valls, fourvoyé au Parti socialiste qu’il n’avait de cesse de vouloir droitiser, c’est Benoît Hamon qui quitte le navire pour une improbable reconstruction hors de sa formation de toujours. Du moins n’y aura-t-il pas de guerre de succession pour se disputer un héritage inexistant. La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon peut-elle espérer tirer les marrons du feu qu’elle a contribué à allumer ? Rien n’est moins sûr. L’écroulement du PS ne laisse que peu d’espoir de reconstituer une force de gauche rassemblant largement, au-delà du socle des insoumis, à la manière de la coalition du programme commun en 1981. Sachant que Mélenchon traite aussi mal ses alliés communistes que ses anciens camarades socialistes, il ne pourra bientôt plus compter que sur lui-même.
Ce n’est guère mieux à droite, qui vient de perdre deux élections jugées imperdables grâce notamment à l’entêtement de François Fillon, candidat contre vents et marées, mais surtout contre toute raison après les révélations accablantes sur son népotisme et les irrégularités qu’il a entraînées. Là aussi, les lignes de fracture ont été révélées par l’avènement de Macron, mais elles existaient déjà auparavant. Sarkozystes, Fillonistes et Juppéistes se sont déchirés à belles dents, mais cela faisait suite aux guerres picrocholines entre Copé et Fillon, Sarkozy et Villepin, etc. Après la défaite, les battus se disputent les dépouilles opimes de la défunte alliance des Républicains, entre les « constructifs » et le canal historique, réduits tous deux à peau de chagrin. Du côté du centre, l’espace s’est rétréci, malgré une victoire en trompe-l’œil du Modem, qui ne pèse pas lourd en face de la majorité absolue du président, surtout après le retrait forcé de Bayrou. Privé de contre-pouvoir, Macron va pouvoir décider seul de la façon dont il compte partager le gâteau. Comme le disait le regretté Bernard Maris, l’important, c’est de savoir qui regarde le gâteau et qui tient le couteau. Comme d’habitude, ce sont toujours les mêmes qui reçoivent les plus grosses parts et les mêmes qui se partagent les miettes.
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