Un cessez-le-feu à la carte

En principe, le plan de paix que Donald Trump a imposé aux forceps aux belligérants et qui repose principalement sur l’instauration d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, condition nécessaire pour permettre la restitution des derniers otages, du moins leurs corps, en principe, donc, sa phase une dans un processus qui en comporte une vingtaine, serait presque terminée. Cependant, comme il est d’usage courant, les deux parties s’accusent mutuellement de ne pas respecter les termes de l’accord conclu. Selon les Israéliens, le Hamas retarde la remise des dépouilles encore en leur possession, une vingtaine, probablement, et aurait tué un soldat.

En représailles, l’armée israélienne a repris ses bombardements sur toutes les villes palestiniennes de quelque importance sur le territoire, dans le but affiché de cibler des dirigeants du Hamas, mais qui ont, comme d’habitude, causé une centaine de morts, dont une trentaine d’enfants, dans les populations civiles toujours victimes dans ce type d’opérations. Selon l’Organisation des Nations Unies, le bilan de ces frappes aériennes est qualifié « d’épouvantable ». De la même façon que Tsahal, l’armée israélienne, a rompu délibérément le cessez-le-feu auquel elle s’était engagée, elle l’a rétabli de façon unilatérale, mais se réserve visiblement le droit de reprendre les hostilités à sa guise et à tout moment. Une sorte de cessez-le-feu à la carte, selon ce qui l’arrange, en somme. Et pourquoi le Premier ministre Benyamin Netanyahou se gênerait-il, puisque le seul qui pourrait lui imposer une certaine retenue, le président Donald Trump, a approuvé cette violation du cessez-le-feu tout en prétendant qu’il n’est pas remis en question, comprenne qui peut !

Ce qui était prévisible est en train de se produire. De même que le conflit armé était de type asymétrique, ce qui est illustré par une comptabilité horrible où la vie d’un Israélien « vaut » celle de plusieurs centaines de Palestiniens, de même les conséquences d’un accroc dans l’accord trouvé à grand-peine sont sans commune mesure. Pire encore, les deux parties ont un intérêt à ce que les hostilités se poursuivent, au sacrifice des populations prises entre deux feux, soi-disant éteints. Le Hamas a certes été décapité, mais la guerre suscite des vocations nouvelles et donne de bonnes raisons à de nouvelles générations de lutter contre leur puissant voisin, à coups de pierres, s’il le faut. Quant au Premier ministre israélien, il renait de ses cendres et se maintient plus que jamais au pouvoir, grâce à « l’effet drapeau » qu’il utilise pour bénéficier de l’image patriotique de la forteresse assiégée. Seule ombre au tableau, il ne peut pas s’arrêter de pédaler sous peine de tomber. Une fuite en avant qui lui assure la permanence, à condition de satisfaire les partis religieux et nationalistes qui le soutiennent.