Mieux vaut tard…que jamais
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 23 octobre 2025 11:07
- Écrit par Claude Séné
Serait-ce le début d’une prise de conscience que Vladimir Poutine ne veut pas vraiment la paix avec l’Ukraine ? Et qu’il ne cherche qu’une chose, gagner du temps pour obtenir par la négociation ce que les armes ne lui ont pas permis de conquérir ? Le constat de Donald Trump est sans appel. Vladimir l’abreuve de bonnes paroles, mais il n’est ni franc ni sincère. Il avait déjà constaté cet écart entre les paroles et les actes grâce à son épouse, Mélania, à l’époque plus avisée que ses conseillers trop serviles.
Cette fois, Donald Trump tire les conséquences des atermoiements russes et il a purement et simplement annulé la rencontre au sommet qui devait se tenir prochainement à Budapest, pour ne pas « y perdre son temps ». Pour la première fois depuis son élection, il a également annoncé un ensemble de sanctions visant les intérêts russes dans la filière pétrolière, qui lui a permis jusqu’ici de financer un effort de guerre très important et de faire tourner l’économie russe à peu près normalement: les deux compagnies russes Rosneft et Lukoil. Nous connaissons la puissance de feu de l’administration américaine quand il s’agit de taxer ses concurrents. La Russie est déjà obligée de casser les prix et d’avoir recours à des subterfuges pour acheminer son pétrole vers des intermédiaires sous couvert d’une flotte « fantôme » utilisant des pavillons de complaisance. Les mesures européennes qui viennent d’être adoptées vont renforcer les difficultés pour acheminer le GNL, le gaz naturel liquéfié, vers les clients attirés par les prix cassés.
Donald Trump compte sur la pression économique pour amener Poutine à la table de négociation. La convergence des politiques européenne et américaine est un élément nouveau qui peut jouer un rôle décisif dans un arrêt des combats autour de la zone de front. Il reste un obstacle très important à lever, et c’est l’obstination du président américain à considérer les deux belligérants comme coresponsables d’une guerre en réalité imputable à la seule Russie, l’agresseur, et non à l’Ukraine, que Trump veut forcer à des concessions territoriales exorbitantes pour la simple raison qu’elle est moins forte militairement et donc dépendante de l’aide américaine. En demandant publiquement au président Zelenski d’accepter des sacrifices sans contreparties, Donald Trump ne lui rend pas service, mais n’en rend pas non plus à son propre camp. Il ne fait qu’alimenter la conviction des bellicistes qui entourent l’autocrate russe, et qui consiste à recréer un glacis de pays satellites autour de la « Russie éternelle », comme au bon vieux temps de l’empire soviétique. Les Ukrainiens nous ont pourtant mis en garde dès le début contre un expansionnisme sans fin. Les démocraties occidentales ont réagi trop peu, trop tard. Par crainte de déclencher un conflit mondial, elles en ont créé les conditions.
