Déjà vu
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 10 octobre 2024 10:44
- Écrit par Claude Séné
Vous connaissez cette expression, en français dans le texte, que nos amis anglophones prononcent généralement « déjà vou » et qui désigne cette sensation bizarre de revivre, comme s’il s’agissait d’un souvenir, une séquence qui se déroule en direct. Et c’est l’impression que j’ai éprouvée en entendant à la radio un spot publicitaire pour inciter les jeunes à se présenter au concours de recrutement des professeurs de l’éducation nationale. Après réflexion, rien de mystérieux là-dedans, mais la rediffusion, un an après, d’une campagne gouvernementale vantant les mérites de ceux qui s’engageraient dans cette voie, et les satisfactions qu’ils pourraient en retirer.
Poursuivant mes recherches, j’ai retrouvé la chronique que je lui avais consacrée en novembre 2023, et qui reste totalement d’actualité, puisque déjà l’an dernier, il manquait 1 000 candidats sur les 8 000 postes ouverts au concours. Cette année, ce sera sensiblement la même chose, avec 12,3 % des postes de l’enseignement du second degré qui n’ont pas été pourvus jusqu’à présent. Nous ne sommes pas dans un remake du film « un jour sans fin », mais tout juste. Je m’attends au retour de Madame Falampin, l’héroïne du spot réalisé par Olivier Nakache et Éric Toledano, qui jouait la prof de SVT grâce à qui Sonia était devenue chirurgienne. Si le métier d’enseignant ne fait pas recette, c’est en partie pour des raisons financières. Une syndicaliste évoquait en 2023 un salaire de 2070 euros net par mois, après 14 ans d’ancienneté. Depuis, le président Macron s’est engagé à assurer un minimum de 2000 euros pour les débuts de carrière, mais cela reste insuffisant, et les promesses n’engagent que ceux qui y croient.
Si le métier n’est pas assez attractif, ce n’est pas seulement pour des questions d’argent, mais aussi à cause du manque de considération de la société à l’égard de l’institution scolaire en général, et envers ses agents en particulier. L’incident récent qui s’est déroulé à Tourcoing en est une illustration flagrante. Une élève de 18 ans a giflé sa professeure qui lui avait demandé d’enlever son voile avant de quitter l’établissement. La nouvelle ministre aura beau condamner fermement cette attitude, elle signe la crise d’autorité profonde et le manque de crédibilité générale de l’école. Encore ne s’agit-il là que de violence relativement modérée, qui pourrait se réduire par un travail continu de réhabilitation de l’institution scolaire, même si cela demande beaucoup de temps et de patience. Beaucoup plus préoccupantes encore sont les menaces, parfois suivies d’actes, qui visent des professeurs dont le seul tort serait leur refus d’idéologies mortifères, et leur désir d’éveiller de jeunes consciences. Tout cet exercice que vante précisément le spot radiophonique mettant en scène des futurs professeurs croyant aux idéaux de ce métier.