Dysfonctionnements
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le vendredi 23 juillet 2021 10:47
- Écrit par Claude Séné
Qu’en termes élégants ces choses-là sont dites ! Quand une femme comme Chahinez Daoud est victime de l’acharnement meurtrier de son conjoint qui finira par la blesser au moyen d’une arme à feu avant de la brûler vivante à Mérignac, malgré un dépôt de plainte quelques semaines auparavant, on est en droit de se poser des questions sur le sérieux avec lequel l’affaire a été traitée. Et voilà que le Canard enchaîné nous révèle que le policier qui a instruit la plainte avait été lui-même condamné récemment pour des violences conjugales répétées. Il avait écopé de 8 mois de prison avec sursis et se faisait soigner par un addictologue.
On se pince pour y croire. La hiérarchie de ce policier, consciente de la difficulté de laisser cet individu maintenir l’ordre sur la voie publique en attendant les résultats de l’enquête administrative sur des sanctions éventuelles, n’a rien trouvé de mieux que de l’affecter à la réception et l’instruction de plaintes, y compris pour les faits qui l’ont fait condamner. Alors, quand le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, annonce « des sanctions à tous les niveaux de la chaîne de responsabilité », je me permets de demeurer sceptique sur la diligence et l’extension des mesures envisagées. Le ministre s’inclut-il dans cette chaîne ? Comment se fait-il que le fonctionnaire de police puisse rester dans la fonction publique après cette condamnation, qui ne sera d’ailleurs pas inscrite dans son casier judiciaire, alors que des personnels de Santé sont menacés de licenciement s’ils ne se font pas vacciner ?
Cette situation est caricaturale, mais elle est exemplaire du malaise entourant le traitement des féminicides et d’une façon générale des violences intrafamiliales, selon une terminologie édulcorée, masquant très mal une réalité quotidienne où le père de famille conserve un droit de vie et de mort sur son épouse et ses enfants, comme dans l’Antiquité. La société néglige ces violences comme un fléau malheureux, mais inévitable, alors que les solutions existent. La première des conditions est d’organiser un recueil des plaintes par du personnel spécifique et formé à ce type de tâches, sur le modèle de la brigade des mineurs, par exemple. La deuxième serait de protéger efficacement les victimes, en utilisant les moyens modernes de la géolocalisation ou du téléphone première urgence. La troisième consisterait à organiser la réponse pénale pour renforcer son efficacité. Et je m’en tiendrai là pour souligner que le simple bon sens permettrait d’améliorer grandement les choses. Comme on le dit souvent, sans le mettre en pratique : là où il y a une volonté, il y a un chemin. On attend du gouvernement, au-delà des belles paroles et des généralités exprimées du bout des lèvres avec des pudeurs de gazelle, qu’il montre sa détermination à réduire drastiquement des comportements indignes de notre société.