
La tentation totalitaire
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le lundi 9 juin 2025 11:01
- Écrit par Claude Séné

Pendant la campagne présidentielle, le candidat Donald Trump avait tenté de rassurer l’électorat américain sur ses intentions s’il revenait au pouvoir. Pour ce faire, il avait indiqué qu’il serait bel et bien un dictateur, mais seulement le premier jour. Il faut croire qu’il y a pris goût, comme son précédent passage à la Maison-Blanche pouvait le laisser présager, puisqu’il n’a cessé, depuis sa prise de fonctions, de multiplier les décisions personnelles et arbitraires, sans toutefois obtenir de résultats convaincants. Sur les droits de douane, il a constamment dû louvoyer pour tenter d’obtenir des accords avantageux, donnant l’impression d’une incapacité à imposer ses vues, quoi qu’il en dise.
À ce revers s’ajoute le constat de son impuissance à régler le conflit ukrainien par sa seule présence, en claquant des doigts. Il n’a pas été plus écouté par Benyamin Netanyahou, qui n’en fait qu’à sa tête, ignorant les recommandations des États-Unis, dont il est pourtant tributaire, que Vladimir Poutine. Au chapitre des échecs personnels, on peut ajouter la brouille spectaculaire avec Elon Musk, qu’il portait récemment au pinacle, dont les conséquences risquent d’être désastreuses pour le pays. C’est dans ce contexte que le président Trump a décidé de lancer son offensive contre les immigrés, désignés comme boucs émissaires officiels de toutes les difficultés du pays. Il désignait donc à la vindicte populaire une liste de 12 pays, essentiellement africains, dont les ressortissants ne peuvent plus entrer aux États-Unis à compter de ce jour. Mais ce sont surtout les travailleurs étrangers et en particulier d’origine mexicaine qui sont visés. L’administration fédérale s’est donnée pour objectif d’expulser 3 000 migrants par jour, en particulier en Californie, dirigée par le parti démocrate et de ce fait accusée de laxisme.
Des manifestations contre des arrestations abusives se sont produites à Los Angeles et ont fourni un prétexte idéal à Donald Trump de faire le procès des dirigeants démocrates et d’envoyer la Garde nationale pour réprimer un mouvement naissant, dans le but évident d’envenimer la situation et de dénoncer une supposée faiblesse des autorités. Je ne serai d’ailleurs pas surpris que l’on découvre des provocations destinées à faire dégénérer les affrontements. La manœuvre est d’un classicisme absolu. Il s’agit de faire jouer à fond « l’effet drapeau ». Quand la nation est en danger, on fait appel au patriotisme, très ancré chez les Américains, que chaque parti essaie de mobiliser à son profit. N’oublions pas les émeutes du Capitole, quand Donald Trump encourageait en sous-main des militants chauffés à blanc à prendre possession du symbole de la démocratie américaine en prétendant que leurs adversaires politiques avaient volé l’élection. Le président battu n’avait pas osé aller au bout de sa logique, et il donne l’impression de l’avoir regretté. Plus rien désormais ne semble en mesure de l’arrêter, sinon les marchés financiers.