
La colère du monarque
- Détails
- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le jeudi 26 juin 2025 10:52
- Écrit par Claude Séné

On sait désormais comment il faut s’adresser à Donald Trump après la publication par le président américain du SMS que lui a envoyé Mark Rutte, le secrétaire général de l’OTAN. Ce message « privé » consiste en un panégyrique à la gloire de son ami Donald dont il fait un éloge sans la moindre nuance pour son action dans le conflit entre Israël et l’Iran. Cet exercice de flagornerie absolue aurait paru excessif à n’importe quel dirigeant, même aussi imbu de sa personne que le président américain, mais visiblement l’ami Donald n’y a vu que la reconnaissance sincère de ses immenses qualités.
Moyennant quoi, le sommet de l’OTAN s’est déroulé sans encombre, dans la mesure où les désirs du monarque se sont transformés en directives qu’il n’avait qu’à présenter pour être adoptées. C’est ainsi que les pays membres ont accepté sans broncher d’augmenter leur participation financière à 5 % de leur PIB pour assurer la défense commune, tandis que les États-Unis cotisent moins, et que Donald Trump refuse de s’engager clairement sur la mise en œuvre de l’article 5 qui prévoit une défense commune en cas d’attaque d’un pays membre. Mais l’essentiel pour les pays de l’OTAN a été préservé, à savoir le maintien de Donald Trump dans l’alliance, au moins pour le moment. Car le bougre est pointilleux, et il est sujet à des colères imprévisibles, dès lors que les évènements ne correspondent pas à ses souhaits. Il aurait pu quitter le sommet de l’OTAN avant sa fin, comme celui du G7, ou déclencher un conflit n’importe où, pour le plaisir de démontrer sa toute-puissance.
C’est sur la presse qu’il s’est défoulé, en particulier les médias américains, qui ont eu l’outrecuidance de mettre en doute la totale réussite de l’opération « marteau de minuit » destinée à anéantir les sites d’enrichissement de l’uranium pour priver le pouvoir iranien de la possibilité de se doter de l’arme nucléaire avant très longtemps. Selon des fuites en provenance d’un service de renseignement américain, il serait trop tôt pour le savoir en l’absence d’une inspection visuelle indépendante. À cela s’ajoute la possibilité d’un déménagement des réserves de matière fissile avant les frappes. C’est le constat du directeur de l’Agence internationale de l’énergie nucléaire (AIEA), qui estime que le bombardement n’était pas indispensable, si la voie diplomatique était restée praticable. C’en était trop pour Donald Trump, qui n’a pas eu de mots assez durs pour fustiger tous les contradicteurs, CNN en tête, représentant une presse qualifiée de « scum » terme argotique que l’on peut traduire par « raclure » et qui aurait pour point commun d’être en perte de vitesse et peu suivie. Le plus inquiétant est peut-être de dépendre de l’humeur d’un monarque républicain, au sens partisan du terme, pour le maintien d’un certain équilibre sur la planète.