Grève du zèle ?

Les choses n’auront pas traîné. Et le ministre de l’Intérieur peut se féliciter de la rapidité avec laquelle ses fonctionnaires ont élucidé l’affaire du féminicide parisien découvert le 28 janvier dernier au domicile d’un policier dont elle était la compagne, et qui avait disparu depuis. Attention, ce policier est toujours présumé innocent, même si sa fuite ne joue pas en sa faveur, et qu’il a déjà eu maille à partir avec la justice pour des violences conjugales à l’égard d’une précédente compagne. Mais enfin, il va désormais pouvoir être entendu et donner sa version des faits.

Il ne semble pas que les recherches en vue de le retrouver aient mobilisé l’ensemble du dispositif policier sur tout le territoire. Lorsqu’un avis de recherche a été émis, sa voiture et son arme administrative ont été découvertes le 11 et le 12 février sur un parking à Amiens. Mais il a fallu attendre une période très récente pour qu’enfin soit diffusé un appel à témoin avec des photos, permettant de repérer ou de retrouver le suspect. Finalement, le policier va suivre les appels lancés par son père et se signaler spontanément à la gendarmerie la plus proche, celle de Brignoles dans le Var, près du domicile paternel, où personne n’aurait apparemment eu l’idée de le chercher. Vous me direz probablement que j’ai mauvais esprit en soupçonnant un manque de zèle dans les investigations quand elles concernent un fonctionnaire de police, et vous aurez raison. Je manque totalement d’objectivité dans ce genre d’évènement. Je m’étonne par exemple d’un argument qui voudrait qu’il soit préférable de ne pas pousser à bout un criminel potentiel, au risque de l’amener à faire usage de son arme.

La famille de la victime regrette à juste titre que l’appel à témoin n’ait pas été lancé dès la découverte du crime, mais surtout il semble que la hiérarchie policière n’ait pas pris la mesure de la dangerosité du suspect. Comment peut-on confier à une personne condamnée pour violences, en l’occurrence conjugales, la responsabilité d’assurer la sécurité de ses concitoyens ? Il n’est même pas certain que ce policier aurait pu bénéficier d’une affectation administrative pour éviter qu’il soit en fonction dans la rue. On a vu récemment comment un policier lui-même auteur de violences pouvait être disqualifié pour instruire des plaintes de victimes de ces mêmes actes. Il ne me parait pas exorbitant d’exiger des fonctionnaires de police qu’ils aient dans leur vie privée un comportement exemplaire, au même titre que ceux qui exercent des fonctions au service de la population dans d’autres domaines. On est de plus en plus exigeants avec les détenteurs d’un pouvoir politique, et c’est une bonne chose. On peut en attendre autant de ceux dont c’est le métier, et écarter les fautifs éventuels.