L’enfer c’est l’autre

Et le diable se niche dans les détails, c’est bien connu, même quand il ne s’habille pas en Prada. Après les propos belliqueux du président français, la propagande russe n’a pas manqué de rappeler sa position sur les terribles représailles qu’encourrait un pays à se mêler ostensiblement du conflit qui oppose la grande Russie à ces va-nu-pieds d’Ukrainiens, qualifiés de nouveau pour l’occasion de « nazis », pour remobiliser le peuple derrière son chef vénéré dans ce qui est présenté comme la suite de la Grande Guerre patriotique, remportée de haute lutte sur le grand Satan qu’était Hitler.

Car il ne suffit pas à Wladimir Poutine de remporter, comme il l’espère, une victoire militaire. Il lui faut de surcroît avoir le beau rôle et que son agression soit entérinée par la communauté internationale. Faute de pouvoir faire l’unanimité, la Russie tente de faire jeu égal dans l’opinion internationale, en prétendant incarner une légitimité, héritée de l’époque soviétique, mais pas seulement. Comme dans tous les conflits majeurs sur la planète, la loi du premier occupant est convoquée pour justifier les revendications territoriales. Chacun estime être dans son bon droit et rejette sur les ennemis la responsabilité de l’impossibilité de trouver un accord raisonnable entre les parties et l’obligation de recourir, à regret, à l’usage des armes. Adolf Hitler s’est servi de la question des Sudètes, majoritairement peuplés de germanophones, pour exprimer ses visées expansionnistes avec un semblant de démocratie. Une méthode réutilisée par Poutine pour s’emparer de la Crimée et de la région du Donbass, au nom d’un « droit » immémorial.

Une bonne raison pour se méfier de la proposition d’Arno Klarsfeld, que je rappelais ici même il y a peu, de négocier une paix entre les belligérants au prix de l’amputation d’une part importante du territoire ukrainien. Je remarque qu’une solution de compromis entre Israël, dont il possède également la nationalité, et les Palestiniens, pour mettre en place une solution à deux états, ne semble pas être à son ordre du jour. Ou plutôt si. Car dès le 11 octobre 2023, Arno Klarsfeld, se faisant l’avocat du diable, appelait Israël à la retenue en évitant des bombardements massifs et aveugles. Il n’a malheureusement pas été écouté, et Nétanyahou prépare toujours le raid ultime sur Rafah, avant de négocier éventuellement une trêve pour sauver la face. Ce qui permettrait à Arno Klarsfeld de continuer à réécrire l’histoire à sa façon. Une histoire où les Israéliens ont toujours tenté de négocier une paix durable qui aurait toujours été refusée par les Palestiniens et les pays arabes. Une position aussi peu crédible que celle d’Emmanuel Macron qui explique benoitement que ce sont les occupations des facultés qui empêchent des discussions, dont on n’avait pas remarqué l’existence, ni l’efficacité auparavant. Diable !