Une bonne langue !

Ce billet complète celui du 8 novembre 2020 « au bout de la langue » que l’on peut retrouver en déroulant le calendrier en haut à gauche de tous les billets diabloguiste…

On a tous connu ce moment où son médecin demande « montrez-moi votre langue », rarement il nous explique l’intérêt de la chose !

Il faut savoir pourtant que l’aspect de votre organe permet de lui indiquer une piste de pathologie. Dotée de multiples terminaisons nerveuses, la langue est associée à différents organes, si le corps est déréglé, la langue informe sur le déséquilibre, donnant des signaux d’alerte et des messages préventifs.

Trop rouge signale une carence en vitamines, lisse et plate c’est un signe d’anémie, noire vous avez peut-être pris trop d’antibiotiques ou trop de bains de bouche, blanchâtre ou chargée votre alimentation est trop riche en graisses ou en épices, vous fumez trop ou vous buvez trop d’alcool, tachetée de blanc vous souffrez de mycoses… la médecine chinoise en fait un outil de diagnostic encore plus précis ! Le bout de la langue renseigne sur le poumon, le cœur, le milieu de la langue, la vésicule, le foie et l’estomac, le dos de la langue, l’intestin, la vessie et les reins. L’acupuncteur informé sur la nature du déséquilibre énergétique peut alors agir.

La langue est le sujet de nombreuses pathologies, la plus grave, celle du cancer, est responsable de 5000 morts par an en France, la solution est souvent la chirurgie, qui, après reconstruction d’une langue, demande une très longue rééducation de la parole et de l’alimentation. Un conseil, dès qu’il y a douleur, inflammation, lésion de la langue, consultez !

La relation avec la langue parlée est évidente, étant donné que nous avons besoin de cet organe, pour la locution, sans elle, pas d’expression orale !

Qu’en est-il donc, de cette langue de Molière (dont nous fêtons cette année le 400e anniversaire), est-elle toujours aussi belle ? Comme en son temps, notre français s’adresse-t-il à tous les publics, réconciliant la langue des bateleurs avec celles des aristocrates, des bourgeois ? Comme dans la langue du XVIIe, y a-t-il du familier, du soutenu, de la prose, des vers, de l’occitan, du picard, pour qu’une large palette de spectateurs, de lecteurs y trouve leur bonheur ?. Notre langue est-elle restée diffusée dans toutes les cours d’Europe pour être un véritable outil d’ambassade ?

L’Académie française, créée par Richelieu, assure-t-elle toujours sa protection ? On entend quelques puristes ou grincheux s’inquiéter de la pauvreté de la littérature française devenue rabougrie, utilisant une langue en train de mourir. La raison en serait la langue des réseaux sociaux, l’introduction de nombreux anglicismes ou californismes, due surtout aux technologies numériques. Il n’est pas jusqu’à Alain Rey qui déplorait cette invasion de nouveaux vocabulaires, bien qu’il ait lui-même augmenté son dernier dictionnaire de 60 000 mots nouveaux et qu’il soit convaincu qu’une langue est faite d’emprunts ! Cette inquiétude est vieille comme le monde. Déjà au temps de Molière, Vaugelas s’inquiétait de l’introduction de mots italiens… Avec 300 millions de locuteurs francophones, le français n’est pas près de disparaître. Si l’évolution de son vocabulaire peut parfois créer des fractures sociales ou générationnelles, incompréhension des mots nouveaux, elle n’en reste pas moins inéluctable et reste le miroir de la réalité du changement des sociétés.

L’invitée du dimanche