
Quelle honte !
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- Catégorie : Diabloguiste
- Publié le mardi 17 juin 2025 11:01
- Écrit par Claude Séné

La ligne de défense de Nicolas Sarkozy dans les diverses affaires où il a été impliqué a toujours été de plaider l’acharnement judiciaire dont il prétendait être l’objet. C’est l’explication commode des diverses procédures qui l’ont visé, et dont certaines sont encore en cours. Pour beaucoup de Français, la honte, si honte il y a, est bel et bien dans le comportement de l’ancien chef de l’état, qui a cru, et croit toujours, semble-t-il, qu’il bénéficiait d’une clause qui l’exemptait, en qualité de chef de l’état, de suivre les règles communes du droit. C’est pourtant en application des usages en vigueur qu’il a été déchu automatiquement de la Légion d’honneur après sa condamnation définitive à 3 ans de prison dont un an ferme pour corruption.
Certains diront qu’il ne mérite pas cette indignité. En ce qui me concerne, je pense qu’il ne méritait pas cet excès d’honneur. En effet, le président de la République reçoit, dès son intronisation, alors qu’il n’a pas encore pu faire quoi que ce soit de notable, le grade le plus élevé dans l’ordre, celui de Grand maître. Que l’on attribue cette distinction à un président remarquable, dont l’action se distingue favorablement de ses prédécesseurs, ou qui aurait défendu des causes nobles telles que l’égalité entre les citoyens, leur liberté ou la nécessaire fraternité entre les peuples, ne me choquerait pas. Telle n’est pas la caractéristique principale de Nicolas Sarkozy, qui n’a cessé de monter les Français les uns contre les autres. Au minimum aurait-il fallu qu’il soit honnête, et le pire est peut-être à venir, par exemple sur le financement présumé illégal de sa campagne présidentielle de 2007.
Ce qui frappe, c’est la fin, que l’on n’espère pas provisoire, de l’immunité dont bénéficiaient jusqu’ici la plupart des politiques, dès lors qu’ils accédaient au pouvoir. Nicolas Sarkozy est le 2e chef de l’état seulement à être contraint de rendre sa décoration, après un certain Philippe Pétain, convaincu de haute trahison pour sa collaboration active avec le régime nazi. Une petite curiosité dans la procédure : c’est le président en exercice qui devait en initier la démarche, et il n’y était pas favorable, pour des raisons qui m’échappent, à part celle d’une forme de corporatisme. Le règlement ayant changé en janvier dernier, c’est le Grand Chancelier, le général François Lecointre qui a signé l’arrêté publié au Journal officiel. Ceux qui, comme son avocat Patrice Spinosi, défendaient une « spécificité » justifiant une exception en faveur d’un ancien président de la République, en clair un passe-droit supplémentaire pour une fonction déjà très protégée, en ont été pour leurs frais. Avant lui, l’ancien président Jacques Chirac avait échappé à cette sanction dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris, grâce à la mansuétude des juges, sa peine de 2 ans de prison étant assortis d’un sursis.